Je vais poursuivre la description de l'organisation du travail des kujiragumi que j'avais commencée en avril dernier.
Une fois que la baleine a été remorquée vers la station de dépeçage appelée nayaba 納屋場, elle est hissée sur la côte à l'aide de cordes et de treuils dits rokuro 轆轤 opérés par une vingtaine d'hommes. Ces treuils servent également à détacher les morceaux de lard et de viande que les écorcheurs spécialisés (uokiri 魚切り) découpent à l'aide de tranchoirs à manche long (image 1). Ces blocs sont ensuite réduits en morceaux plus petits et transportés vers des ateliers appelés naya 納屋.
Il existe plusieurs types de naya, chacun ayant des fonctions différentes. Ainsi le ônaya 大納屋 sert pour le traitement de la viande et du lard, le konaya 小納屋 pour celui des petits morceaux comme les nageoires ou la chair attachée aux os (image 2), ou encore le honenaya 骨納屋 où sont réduits et fondus les os pour extraire l'huile. Un aspect important du dépeçage et de la transformation des produits est l'utilisation optimale des ressources extraites des carcasses des baleines.
Ainsi, la viande est salée pour permettre sa conservation dans le but de l'alimentation ; le blanc de baleine est fondu dans des fondoirs (kama 釜) afin d'en extraire l'huile ; les organes sont soit destinés à la consommation, soit transformés en huile ; les os sont eux aussi réduits et transformés en huile ; les tendons et les fanons sont nettoyés et serviront pour diverses formes d’artisanat. Une partie de ces tâches, notamment celles les plus simples sont confiées à des journaliers appartenant généralement au village où a lieu le dépeçage.
Tous ces produits sont ensuite vendus à des marchands (ton.ya 問屋) qui se chargent de les transporter et de les vendre dans les grands centres économiques de l'époque d'Edo. Une partie de la chair ou du lard était toutefois distribuée aux membres du kujiragumi, les morceaux et les quantités dépendant de leur statut. Des offices religieux (kuyô 供養) était également organisés pour le repos des âmes des baleines capturées. De même, il était de coutume que les harponneurs (hazashi) se réunissent dans la demeure du dirigeant, le kuminushi 組み主, à diverses occasions pour danser et chanter (image 3). Ces chants et danses apparaissent encore de nos jours lors de fêtes comme celles d'Arikawa et de Muroto.
A la fin de la saison de chasse, aux alentours du mois de mai, les dirigeants font leurs comptes et le groupe se sépare. Notons que certains kujiragumi, notamment dans la région du Saikai (nord-ouest de Kyûshû), changeaient de lieu de chasse au cours de la saison. Cela impliquait le déplacement du nayaba qu'il fallait démonter puis remonter.
dimanche, décembre 30, 2007
L'organisation des kujiragumi - 2
Publié par
isanatori
Libellés : histoire, kujiragumi
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