Bien qu'il ne ce soit pas passé grand chose ces derniers jours, il y a eu beaucoup d'articles dans les médias australiens et anglophones à propos du programme de recherche japonaise sur les cétacés en Antarctique.
Tout d'abord, le nouveau gouvernement travailliste australien a été vivement critiqué lorsqu'il s'est avéré que ni le navire des douanes, ni l'avion de reconnaissance n'avaient pris leur départ vers l'Antarctique pour surveiller les activités de la flotte japonaise. Ce n'est finalement que mardi dernier (le 8 janvier) que l'Oceanic Viking a quitté le port de Fremantle. Il lui faudra au moins une semaine pour atteindre la zone où les navires du programme JARPA2 effectuent leurs activités.
Un autre sujet de critique et coup dur pour la crédibilité du gouvernement de Kevin Rudd est l'annonce que le programme de recherche australien sur les cétacés en Antarctique a été annulé pour cette saison. L'objectif était de survoler à basse altitude les eaux au large du continent antarctique avec des avions pour comptabiliser les rorquals de Minke et ainsi démontrer que la recherche sur les cétacés pouvait se faire sans tuer d'animaux. L'annulation est, semble-t'il, due à un retard dans l'obtention de l'autorisation de survoler la zone de recherche.
Cependant, on est en droit de se demander pourquoi les gouvernement australiens n'ont jamais lancé ce genre de programmes de recherche sur les cétacés depuis les quelques vingt ans que le Japon conduit les siens en Antarctique. Les politiciens australiens oublient également de préciser que les programmes japonais comportent également la collecte de données par le biais de de méthodes dites non létales et que deux des six navires de la flotte JARPA2 sont des bateaux d'observation.
Une information est passée complètement inaperçue le mois dernier. C'est le départ depuis le port australien de Fremantle d'un navire affrété pour les programmes de recherche sur les cétacés (IDCR/SOWER) de la Commission baleinière internationale. Ce navire et son équipage sont mis à la disposition de la CBI par le gouvernement du Japon. L'objectif de la recherche entreprise par le Comité scientifique de la CBI et à laquelle participe une équipe de chercheurs internationales (dont des scientifiques japonais) est d'observer les cétacés en Antarctique pour en établir les populations. Quand on considère que, malgré leur proximité de la zone de recherche, les gouvernements australien et néozélandais ne contribue que peu à cette recherche sur les cétacés, on peut se dire qu'il ne se sentent pas très concernés par les travaux de la CBI.
La publication sur Youtube d'une vidéo critiquant l'Australie pour son traitement des dingos et des kangourous d'une part, et de la chasse à la baleine japonaise d'autre part, a fait beaucoup de remous dans ce premier pays. Le gouvernement australien a dénoncé cette vidéo d'environ 10 minutes comme étant une tentative des baleiniers japonais de forcer le gouvernement de Kevin Rudd à changer sa position sur la question de la chasse à la baleine.
C'est beaucoup de bruit pour pas grand chose, mais personnellement, je trouve cette vidéo de mauvais goût et condamne encore plus les messages racistes qui ont été postés à sa suite sur Youtube. La chasse à la baleine est devenue un problème où les émotions prennent le dessus sur la reflexion et le dialogue entre les parties. Le gouvernement de Kevin Rudd a d'ailleurs lui-aussi sa part de responsabilité puisque certains de ses membres ont qualifié la chasse à la baleine de "pratique insensée et brutale". J'imagine que les chasseurs de baleines inuits et tchoukotki apprécieront le commentaire.
Finalement, comme l'indique le titre, le navire que Greenpeace a envoyé en Antarctique, l'Esperanza a réussi à localiser la flotte japonaise dans la nuit du 11 au 12 janvier. On peut donc s'attendre aux même actions de protestation dangereuses qu'il y a deux ans lors desquelles un navire de cette ONG avait provoqué, entre autres, une collision avec le navire-usine japonais Nisshin-maru. Cependant, les actions de Greenpeace ne permettront probablement pas de sauver la moindre baleine comme il le prétendent, mais ont plutôt pour but de recueillir des images pour de futures campagnes médiatiques.
samedi, janvier 12, 2008
Greenpeace localise la flotte japonaise en Antarctique
Publié par
isanatori
Libellés : désinformation, Revue de presse
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4 commentaires:
Salut. Je suis japonais, et j'ai jamais vu, ni entendu un commentaire qui explique la position du Japon dans la media francaise pendant que j'etais en France, ce qui me fait trouver que ce blog exceptionnel. Dommage qu'il n'a pas encore attire l'attention du public francophone.
Je pense que ce que tu dis est vrai sur cette video youtube et ce qu'elle a provoque comme reaction des gens de ces deux pays. Mais en meme temps je crois que c'est une reaction naturelle de la part des japonais qui sont toujours victims de harcellement politique sur ce probleme. Et cette video que tu qualifie de mauvais gout a un tout petit peu perturbe le monde mediatique occidentale qui avait decide d'ignorer tout ce que disent les pros. Et je suis sur que tu sais combien inutile d'expliquer calmement l'idee rationnelle pour resoudre ce probleme.
Je dirais alors que c'est moralement innapproprie mais tactiquement correcte. C'est ce que les officiels japonais ne pouvaient jamais faire. Ce qui est triste, c'est que la media ne le couvre pas si l'on reste calme et rationnel.
Salut Baystar,
Merci pour ton commentaire. Oui, j'aimerais bien que plus de gens du public francophone viennent faire un tour par ici, mais je crois que la majorite des gens ne se sent pas vraiment concernee par la question de la chasse a la baleine.
Je comprends ce que tu veux dire sur la video sur Youtube. En fait, il y a un an, un marque de biere australienne avait lance une publicite dans laquelle on voit un homme japonais se faire harponner et electrocuter. Bizarrement, cette publicite nationaliste (le message a la fin etait "sauvons NOS baleines").
En fait les medias et les politiciens australiens ont habilement su utiliser cette video anonyme pour critiquer encore une fois les baleiniers japonais. Ces declarations et articles visent principalement le public australien. Toutefois, avec l'internet, ce genre de message depasse largement les frontiere d'un pays.
En outre, les opposants a la chasse a la baleine ont tellemnt lave la cervelle des gens que toute discussion raisonnee est devenus impossible sur ce sujet.
Cette annee, ce qui est assez flagrant, c'est le nombre de personnes qui demandent a Greenpeace de cooperer avec Sea Shepherd. Officiellement, Greenpeace continue de refuser, mais il y a probablement des gens qui desobeissent a cette position officielle dans les rangs de cette ONG.
Les medias occidentaux sont beaucoup influences par les Greenpeace et autres. Il suffit de lire un article sur la chasse a la baleine et de comparer le nombre de mots des citations de ces ONG a celui des representants japonais pour se rendre compte que le traitement de ce sujet est biaise.
Malheureusement, les medias etant plutot attires par les histoires sensationnelles, ils ont plutot tendance a preferer voir GP et SSCS affronter les baleiniers japonais en haute-mer. Et c'est encore mieux s'ils peuvent etre aux avant-postes. Cette annee, il y a un journaliste de la BBC a bord de l'Esperanza. Je doute que sa couverture du sujet soit neutre.
Bonjour je me sens en effet trés concerné par la question de la chasse à la baleine et par bien d'autres causes sociales et environementales.
J'etais à bord de l'Esperanza en tant que matelot bénévole pendant 3 mois et ce jusqu'à son départ pour l'Antarctique il y a de cela quelques semaines.
Je n'ai pas encore parcouru ton blog en profondeur, mais je me rend compte cependant de l'ampleur du travail que tu y a fourni.
Tu as apparemment une connaissance assez développée sur de nombreux points concernant cette chasse, les differentes ONG et agences gouvernementales, les enjeux médiatiques et politiques...
Je voulais simplement rappeler une chose. Il y a une trés grande différence entre la chasse à la baleine "traditionelle" ancestrale, organisée par de petites communautés de pêcheurs le long de leurs côtes et une pêche industrielle, utilisant de trés gros moyens materiels et financiers, de surcroit dans un sanctuaire et sous le couvert de la recherche scientifique.
Si tous les pays industriels se remettait tout comme le Japon, à tuer les baleines, à renfort de gros navires sophistiqués, à des miliers de kilomètres de leur eaux territoriales alors il n'y aurait plus aucun espoir pour ces animaux.
A l'heure ou les menaces qui pèsent (changement climatique, surpêche, destruction des ecosystèmes, déchets et pollutions...) sur la vie marine se font de plus en plus fortes, il est grand temps pour les citoyens et les gouvernements de mettre leurs nationalismes de coté et d'agir avec une conscience collective pour sauvegarder ce qu'il reste des ressources naturelles de notre planête.
Bonjour Samuel,
Merci pour ton commentaire.
Je suis d'accord avec toi pour dire que la chasse dite aborigene de subsistance telle qu'elle est pratiquee en Alaska par les Inuits, par exemple, et la chasse scientifique operee par le Japon en Antarctique sont deux choses bien differentes, notamment au niveau des moyens mis en oeuvre.
Toutefois, je tiens a te rappeler que les deux formes de chasse baleinieres suscitees sont pratiquees dans le cadre de la Commission baleiniere internationale. Si le moratoire sur la chasse commerciale devait etre leve, cette derniere serait pratiquee selon les regles mises en place par la CBI. La majorite des pays membres de cette organisation internationale ne pratiquant pas la chasse et certains (la moitie environ) etant opposes a cette activite, il est peu probable que les massacres qui ont eu lieu jusque vers le debut des annees 1970 reprennent.
En fait, on sait desormais beaucoup plus de choses sur les populations de baleines. En outre, la CBI a adopte en 1993 un systeme de calcul des quotas appele RMP (Revised Management Procedure). Il est considere comme tres fiable par de nombreux scientifiques. De plus, des mesures de controle tels que des inspecteurs internationaux a bord des navires ou dans les stations de depecage, ou encore des systemes de controle et d'inspection seraient mis en place dans le cadre d'un RMS (Revised Management Scheme).
La Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (UNCLOS) obligent les nations a participer aux organisations internationales de gestion des ressources marines et donc tout pays desireux de chasser les baleines dans les eaux internationales se verraient dand l'obligation de joindre la CBI et de suivre ses regles. Tout ca a un cout et limite les possibilites de profits...et donc l'interet potentiel pour la chasse par d'autres pays.
La situation que tu evoques (c'est a dire plusieurs nations reprenant la chasse a la baleine) est par consequent assez peu probable, a mon avis.
En fait, l'interdiction de la chasse ne change rien au sort des baleines par rapport aux risques du au changement climatique, a la pollution, etc.
Je pense que la cooperation internationale au sein de la CBI, en autorisant la reprise d'une chasse commerciale strictement controlee et uniquement pour les especes les plus abondantes, permettrait de creer un precedent dans la gestion internationale des ressources marines, chose bien necessaire pour de nombreuses especes pelagiques tels que les thons et les cabillauds.
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