samedi, septembre 01, 2007

Chasse à la baleine et tourisme baleinier

Comme je l'ai déjà évoqué précédemment, il existe de nombreux exemples démontrant que chasse à la baleine et tourisme baleinier (whale-watching) peuvent tout à fait cohabiter, voire même coopérer. Un article intéréssant sur ce sujet avait d'ailleurs été rédigé par Segi Shio pour le bulletin de la CPS (Secrétariat général de la Communauté du Pacifique) en 2003. Toutefois, les opposants à la chasse à la baleine clament sans cesse que le tourisme baleinier est la seule manière d' "exploiter" les ressources baleinières de façon durable.

Le 24 août dernier, plusieurs bateaux d'éco-tourisme sont tombés par hasard sur un baleinier en opération au large du port de Rausu, situé sur la péninsule du Shiretoko (Hokkaido, nord du Japon), site inscrit au patrimoine mondial naturel de l'UNESCO en 2005. L'événement qui a marqué la conscience des touristes, a été repris par les médias japonais et étrangers (notamment de façon très partiale et erronée ici). Il n'en a guère fallu plus aux anti-chasse tels que Greenpeace Japan pour relancer la polémique sur la coexistence de la chasse à la baleine et du whale-watching.

Cependant, il faut prendre en considération plusieurs choses avant de se laisser entraîner par la rhétorique anti-baleinière. Tout d'abord, la chasse à la baleine est pratiquée dans cette région depuis plusieurs dizaines d'années, soit bien avant le développement de l'éco-tourisme qu'a amené le nouveau statut du Shiretoko en 2005. Le tourisme doit pouvoir se développer sans gêner les activités des pêcheurs de cette région. D'autant plus que la capture de la baleine à bec de Baird a eu lieu en dehors de la zone désignée comme patrimoine mondial naturel.

Ensuite, il semble que ce sont les bateaux d'éco-tourisme qui se sont approchés volontairement du baleinier et de sa proie. Le malaise des passagers est donc plutôt du fait des organisateurs du whale-watching. En outre, la chasse à la baleine est une activité dangereuse et s'approcher du cétacé ou du navire lors de la capture peut être la cause d'un accident. En fait, on est en droit de se demander si le capitaine du bateau de tourisme n'a pas agi délibérément par voyeurisme. C'est un peu comme si un guide touristique emmenait des touristes dans un abattoir parce que la porte était entrouverte.

Finalement, il semble que la mairie de Rausu a joué le rôle d'intermédiaire entre les baleiniers et les organisateurs d'éco-tourisme pour trouver une solution afin que ce genre d'incident ne se reproduise plus et que les deux activités puissent coexister dans cette zone. Cela prouvera une fois de plus que les déclarations des opposants à la chasse à la baleine sur ce sujet sont fausses.

Mise à jour (4 septembre 2007) :
Michel Temman a écrit un article dans Libération sur l'incident. Une fois de plus, il démontre son manque de professionalisme et de sérieux avec des erreurs comme celle-ci : "une baleine à bec de Baird (le plus gros rorqual à bec, de la famille des dauphins: 12 mètres et 10 tonnes en moyenne)". La baleine à bec de Baird n'est pas un rorqual (les rorquals sont des cétacés à fanons!) et n'appartient pas à la famille des dauphins. C'est un odontocète (cétacé à dents) appartenant à la famille des ziphiidés (baleines à bec). En outre, la chasse de cette espèce, qui jusqu'à preuve du contraire, n'est pas en voie de disparition, n'est pas sous la juridiction de la Commission baleinière internationale. Tout ceci pouvait être vérifié facilement sur internet.
L'article en lui-même n'apporte pas grand éclairage, mis à part les vidéos prises par le couple français qui se trouvait à bord du bateau d'éco-tourisme lors de l'incident.
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