mardi, novembre 22, 2005

Les cétacés

Souvent, en lisant les articles de journaux ou en écoutant les dires des opposants à la chasse baleinière, on pourrait penser qu’il n’y a qu’une seule espèce de baleine et qu’elle est menacée d’extinction. D’ailleurs, je ne compte plus les fois où un interlocuteur m’a lancé un "les baleines sont en voie de disparition" très généraliste.

La réalité est bien plus complexe, et il est nécessaire de connaître quelles espèces composent l’ordre des cétacés pour bien saisir la nature du problème de la chasse à la baleine. On compte en effet environ 80 espèces de cétacés, mais nous n’évoquerons ici principalement que les espèces dont la chasse est sous la juridiction de la Commission baleinière internationale.

L’ordre des cétacés se divise en deux sous-ordres : les baleines à fanons (mysticeti), et les cétacés à dents (odontoceti). Ces sous-ordres se composent eux-mêmes de plusieurs familles qui comportent une ou plusieurs espèces. Pour illustrer ceci, voyons quelles sont les espèces de cétacés dont la CBI assure la gestion :

Mysticeti (mysticètes)
- Balaenidae (balénidés)

  • Eubalaena australis (baleine franche australe)
  • Eubalaena glacialis (baleine franche de l’Atlantique Nord)
  • Eubalaena japonica (baleine franche du Pacifique Nord)
  • Balaena mysticetus (baleine du Groënland)
- Balaenopteridae (rorquals)
  • Balaenoptera musculus (baleine bleue)
  • Balaenoptera physalus (rorqual commun)
  • Balaenoptera borealis (rorqual boréal)
  • Balaenoptera edeni (rorqual de Bryde)
  • Balaenoptera acutorostrata (rorqual de Minke)
  • Balaenoptera bonaerensis (rorqual de Minke antarctique)
  • Megaptera novaeangliae (baleine à bosse)
- Neobalaenidae (néobalénidés)
  • Caperea marginata (baleine franche pygmée)
- Eschrichtiidae (eschrichtiidés)
  • Eschrichtius robustus (baleine grise)
Odontoceti (odontocètes)
- Physeteridae (physetéridés)
  • Physeter macrocephalus (cachalot)

Bien sûr, il existe de nombreuses autres espèces puisqu’on compte environ 70 espèces d’odontocètes parmi lesquels se trouvent divers types de dauphins, de globicéphales, l’orque, etc.

Tous ces cétacés ont des caractéristiques différentes : taille, poids, répartition géographique, alimentation, etc. De même, le statut de conservation varie beaucoup selon les espèces. Par exemple, il n’existerait plus que quelques centaines de baleines franches de l’Atlantique Nord, alors que le comité scientifique de la CBI a estimé en 1990 qu’il y avait environ 760 000 rorquals de Minke antarctiques. L’affirmation "les baleines sont en voie de disparition" est donc fausse, puisque certaines espèces sont abondantes...lire la suite>>

dimanche, novembre 20, 2005

L'histoire de la chasse à la baleine au Japon - 1

Aujourd’hui, je vais laisser un petit peu de côté l’aspect politique de la chasse à la baleine pour aborder l’histoire de cette activité au Japon. En effet, l’aspect historique permet de mieux comprendre quelle est la nature de la chasse à la baleine dans ce pays.

Du fait de courants marins chauds et froids comme le Kuroshio et l’Oyashio, les eaux autour de l’archipel nippon sont très poissonneuses et attirent par conséquent de nombreuses espèces de cétacés. Il n’est donc pas étonnant que les premiers contacts entre ces animaux et les habitants de l’archipel remontent à la préhistoire. On a ainsi retrouvé des ossements de petits et grands cétacés sur des sites archéologiques et des kjœkken-mœdding (amas préhistoriques de coquillages et d'ossements) remontant à la période Jômon (de -10.000 à -300) tels que celui de Mawaki près de la ville de Noto (département d’Ishikawa).

Ces découvertes nous apprennent que les gens de Jômon chassaient déjà les petits cétacés (dauphins, globicéphales) à l’aide de harpons. Cependant, rien ne permet d’affirmer que les grandes baleines étaient également ciblées. On pense en fait que les peuples du Japon utilisaient surtout les carcasses de celles qui s’échouaient (yori-kujira 寄り鯨) ou de celles dont les cadavres dérivaient près des côtes (nagare-kujira 流れ鯨).

Ces carcasses étaient principalement exploitées pour l’alimentation, mais de récentes études ont permis de découvrir que le fond de poteries dites de style Ataka, typiques du nord-ouest de Kyûshû à la période Jômon, avait des aspérités correspondant à la forme des disques vertébraux de baleines. On peut en déduire que ces os servaient de supports pour la fabrication des poteries dans cette partie de l’archipel, et que des connaissances et savoir-faire relatifs à l’exploitation des cétacés existaient déjà à cette époque.

Des outils (awabigane), servant à détacher les ormeaux des rochers, ou des pointes de harpons réalisés à partir d’os de cétacés ont également été retrouvés sur des sites archéologiques datant de la période Yayoi (de -300 à 300) tels que celui de Karakami sur l’île d’Iki (département de Nagasaki). De même, la découverte sur un cercueil de terre cuite (kamekan 甕棺) datant de la période Yayoi et sur les murs de tertres funéraires (kofun 古墳) de la période Yamato (du 4e à début 8e siècles) sur différents sites de l’île d’Iki, de dessins gravés représentant vraisemblablement des scènes de chasse aux cétacés, appuie l’existence de cette pratique à ces époques, mais les avis restent divergeants quant à la nature des cétacés chassés.

A suivre...
..lire la suite>>

samedi, novembre 19, 2005

La chasse scientifique est LEGALE et JUSTIFIEE !

Les opposants à la chasse à la baleine déclarent inlassablement que la chasse scientifique conduite par le Japon en Antarctique serait une "chasse commerciale déguisée". De là, ils accusent généralement le Japon d’enfreindre le moratoire ou bien d’utiliser une faille de celui-ci. Qu’en est-il vraiment ?

Comme nous l’avons vu précédemment, l’interdiction de la chasse à la baleine a été adoptée par la CBI sous prétexte d’incertitudes quant aux données sur les populations de cétacés à cette époque (1982). Face à cette décision, les pays baleiniers que sont le Japon, la Norvège et l’Islande ont alors décidé de faire appel à l’article VIII de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine. Celui-ci accorde aux nations membres de la CBI le pouvoir d’émettre des permis de chasse scientifique.

Article VIII (traduction libre) :
"1. Nonobstant tout autre élément de cette Convention, chaque gouvernement signataire peut accorder à ses ressortissants un permis spécial les autorisant à tuer, capturer et traiter des baleines à des fins de recherche scientifique, ces permis étant sujets à restrictions pour le nombre et à d’autres conditions que le gouvernement signataire juge adéquates ; la mise à mort, la capture et le traitement des baleines en accord avec les conditions de cet article n’ont pas obligation de se conformer aux dispositions de la présente Convention. Chaque gouvernement signataire devra porter immédiatement à connaissance de la Commission toute autorisation de ce type qu’il aura accordé. Chaque gouvernement signataire peut à tout moment annuler tout permis spécial de ce type qu’il a accordé.
2. Toute baleine capturée dans le cadre de ces permis spéciaux devra autant que faire se peut, être exploitée et les produits ainsi obtenus devront être traités conformément aux directives émises par le gouvernement signataire qui a accordé le permis.
3. Dans la mesure du possible, chaque gouvernement signataire devra transmettre à l’organisme que la Commission pourra désigner à cet effet, et à intervalles d’un an au maximum, les informations scientifiques dont il dispose concernant les baleines et la chasse baleinière, y compris les résultats des recherches conduites en application du paragraphe 1 de cette article et de l'article IV.
4. Reconnaissant que la collecte et l’analyse de données biologiques obtenues lors des opérations des navires usines et des stations terrestres sont indispensables à une gestion saine et profitable de l’industrie baleinière, les gouvernements signataires prendront toutes les mesures en leur pouvoir pour obtenir ces données.
"

La lecture
attentive de cet article permet de comprendre que le moratoire ou les résolutions adoptées tous les ans (contre la chasse scientifique) n’ont aucun effet sur les permis de chasse scientifique (paragraphe 1), et que le Japon a tout à fait le droit de vendre la viande et le lard de baleine obtenus à cette occasion (paragraphe 2). Précisons également que les bénéfices ainsi générés vont exclusivement au financement des prochaines campagnes de chasse scientifique ; l'Institut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) et l’Etat japonais ne tirent aucun profit de la chasse à la baleine.

En outre, contrairement à ce que les médias occidentaux peuvent annoncer, le comité scientifique de la CBI porte un jugement plutôt positif sur les résultats de la chasse scientifique japonaise, qui apportent des éléments permettant de résoudre les incertitudes des données sur les populations de cétacés. Bien que les opposants à la chasse à la baleine dénoncent "l’hypocrisie" des Japonais, le Japon a toujours déclaré vouloir reprendre la chasse commerciale, et leurs programmes de chasse scientifique vont dans ce sens.
Il est
également vrai que ces activités permettent au Japon de continuer de pratiquer la chasse à la chasse à la baleine et de conserver les techniques et savoir-faire des métiers (canonnier, dépeceur, etc.) relatifs à cette activité, ainsi qu’un marché, quoique réduit, pour les produits baleiniers...lire la suite>>

vendredi, novembre 18, 2005

Greenpeace s'en va-t'en guerre...

L'ONG Greenpeace a publié vendredi 18 novembre 2005 un communiqué de presse pour annoncer le lancement ce week-end d’une campagne de protestation contre la chasse à la baleine scientifique japonaise en Antarctique. L’expédition qui se compose de deux navires, prévoit le harcèlement de la flotte baleinière nipponne qui a quitté le port de Shimonoseki le 8 novembre dernier.

L’argent nécessaire à ce genre de campagne dangereuse et inutile ne serait-il pas mieux employé autrement ? Par exemple, les ONG anti-chasse telles que Greenpeace, IFAW et autres Sea Shepherd pourraient s’allier afin d’essayer de démontrer que des techniques dites "non létales" permettraient d’obtenir les mêmes résultats que ceux de la chasse scientifique japonaise... Ces résultats risqueraient toutefois d’apporter la preuve que les populations de rorquals de Minke antarctique (Balaenoptera bonaerensis) se portent bien et qu’une chasse commerciale limitée de cette espèce pourrait être de nouveau autorisée.

Ces organisations oublient généralement de préciser que l’interdiction de la chasse à la baleine (le fameux "moratoire") a été adopté en 1982 par la Commission baleinière internationale
(CBI) sous prétexte que l’on ne disposait pas alors de "données suffisament sûres" quant aux populations de cétacés. Cependant, les espèces de baleines jugées comme étant menacées faisaient déjà l’objet d’une protection à cette époque. Par exemple, les baleines bleues ont été protégées dans les années 1960.

On peut ajouter le fait que le comité scientifique de la CBI ne jugeait pas cette mesure nécessaire. De ce fait, en plus d’être inutile, cette proposition d’interdiction de la chasse à la baleine était en violation de l’article V paragraphe 2 point (b) de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine qui précise que tout amendement relatif à la gestion de la chasse doit être basé sur un avis scientifique.

La nécessité de poursuivre le moratoire devait être réexaminée en 1990 sur la base de l’analyse des résultats de programmes scientifiques internationaux en Antarctique par le comité scientifique de la CBI, mais les opposants à la chasse à la baleine, disposant alors d’une majorité des 3/4 au sein de la CBI, ont décidé d’ignorer ces résultats et de prolonger l’interdiction ad eternam.

J’essaierai une autre fois de revenir sur les circonstances dans lesquelles le moratoire a été adopté par la CBI en 1982. Pour plus de détail sur la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine, je vous invite à visiter le site de la CBI.
..lire la suite>>