lundi, juin 23, 2008

60e réunion plénière de la Commission baleinière internationale - introduction

La 60e réunion plénière de la Commission baleinière internationale (CBI) organisée à Santiago du Chili doit débuter aujourd'hui à 10 heures, heure locale (16h en France, 23h au Japon). Les débats seront intégralement diffusé (en anglais, français, espagnol ou japonais en fonction de la langue de l'intervenant) sur internet grâce au site Kujira Portal (cliquer ici pour accéder directement à la vidéo). Si la question de la chasse à la baleine vous intéresse, je vous invite à suivre les discussions de la CBI.

Cette 60e réunion est placée sous le signe de la réconciliation entre les deux blocs qui s'opposent au sein de la CBI. L'actuel président de la commission, l'Américain William Hogarth s'est donné pour mission durant son mandat qui prendra fin à l'issue de la 61e réunion, de remettre la CBI dans le droit chemin, la division actuelle l'empêchant d'adopter la moindre mesure de gestion du fait qu'aucun des deux camps en présence n'est capable d'obtenir la majorité des trois quarts nécessaire à cela.

Pour ce faire, une réunion intermédiaire avait été organisée au mois de mars dernier pour trouver des moyens de rétablir le dialogue. A cet effet, des spécialistes en négociations internationales tels que le Professeur Calestous Juma de la Harvard Kennedy School avaient été invités en tant que conseillers. A l'issue de cette réunion intermédiaire, une série de suggestions avaient été faites pour permettre de rétablir le dialogue telles que faire des efforts pour prendre des décisions par consensus, réduire l'usage du vote, créer de petits groupes de négociations, etc.

La situation actuelle de la CBI qui dure depuis l'adoption du moratoire sur la chasse commerciale à la baleine en 1982, n'est en aucun cas favorable aux deux camps. La chasse à la baleine continue d'être pratiquée en dehors du contrôle de la CBI. En outre, le Japon menace de quitter la commission si cette dernière ne peut pas remplir son mandat qu'est la conservation des espèces de baleines et la gestion de la chasse. Selon Kyodo News (et Bloomberg), a la différence des années précédentes, il a désormais fixé un ultimatum, n'écartant pas la possibilité de quitter la CBI ou de reprendre unilatéralement la chasse commerciale si aucun progrès ne devait être fait d'ici la fin de la 61 réunion qui doit se tenir à Madeira au Portugal. Cela dépendrait de la création d'un groupe de travail sur la chasse côtière au Japon.

Toutefois, les récentes déclarations de pays opposés à la chasse à la baleine tels que l'Australie, la Nouvelle Zélande ou l'EU laissent plutôt penser qu'aucune avancée ne sera faite lors des discussions de la CBI cette année. En fait, le Brésil, l'Argentine et d'autres pays sud-américains semblent préparer une proposition de sanctuaire baleinier dans l'Atlantique sud. Cette proposition inutile (aucune chasse à la baleine n'est pratiquée dans cette partie du monde) devrait à coup sûr démontrer la volonté des pays anti-baleiniers de continuer de détourner la CBI de son mandat et donc nuire aux efforts du président Hogarth.

A ce sujet, je vous invite à lire la tribune d'Eugène Lapointe, ancien secrétaire général de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) et actuel président de l'IWMC World Conservation Trust. Son analyse me semble pertinente. Ce documentaire donne aussi un bon aperçu de la situation de la Commission baleinière internationale. Vous pouvez également consulter les documents de la CBI, dont l'agenda de la réunion, ici.
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samedi, juin 21, 2008

グリーンシーフ逮捕祝い!

Pour célébrer l'arrestation de deux membres d'ONG pseudo-écologique pour vol, je me suis préparé un plat de bacon de baleine et de petits pois. Voilà ce que ça donnait en japonais :



Et dans la langue de Shakespeare :



Je tiens à préciser que tous les aliments ont été consommés et qu'il n'y a pas eu de gâchis. De même, le bacon de baleine a été acheté et pas volé. :)
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vendredi, juin 20, 2008

Petits pois et bacon de baleine - épilogue

Le scoop de la journée, c'est l'arrestation ce matin de deux membres de Greenpeace Japan par la police japonaise pour suspicion de vol. Cette information est reprise en boucle à la télévision depuis ce matin. Les deux activistes de Greenpeace arrêté sont Jun.ichi Satô et Tohru Suzuki. La police conduit des perquisitions aux domiciles des deux suspects et dans les bureaux de Greenpeace Japan depuis la matinée.

Ces arrestations ont été effectuées dans le cadre de l'enquête menée par la police du département d'Aomori sur le vol d'un colis dans un dépôt de la compagnie de transport Seinô le 16 avril 2008. Ce colis a été subtilisé par des membres de Greenpeace Japan pour obtenir une preuvre à conviction quant à un soi-disant détournement et traffic de viande de baleine organisés par des membres d'équipage du Nisshin-maru, le navire-usine appartenant à la flotte ayant pris part au programme japonais de recherche sur les cétacés en Antarctique.

Greenpeace Japan a porté plainte contre 12 membres d'équipage du Nisshin-maru pour ce qu'il considère être un détournement et traffic de viande de baleine auprès du parquet de Tokyo, après avoir tenu une conférence de presse le 15 mai dernier lors de laquelle ils ont présenté le colis subtilisé et contenant 23,5 kilos de bacon de baleine (unesu). Le parquet de Tokyo a reçu la plainte de Greenpeace et commencé l'enquête le 20 mai. Dans le même temps, les médias japonais ont vivement critiqué la manière de laquelle des membres de Greenpeace Japan ont obtenu leur preuve, cela s'apparentant à du vol. L'ONG a rétorqué qu'il s'agissait là du seul moyen d'obtenir une preuve et qu'il ne s'agit donc pas de vol. Le même jour, la compagnie de transport Seinô a porté plainte auprès de la police d'Aomori pour le vol du colis.

A l'occasion de sa conférence de presse du 15 mai, Greenpeace a émis un rapport (en japonais et anglais) dénonçant le soi-disant détournement-traffic de viande de baleine. Selon ce rapport, un informateur, anciennement employé de la compagnie Kyôdô Sempaku à laquelle le Nisshin-maru appartient, donne le détail de ce traffic. Il me semble intéressant de se pencher un peu sur ce rapport.

Tout d'abord, il y a une différence entre les versions japonaise et anglaise, cette dernière étant plus courte de deux pages. Il pourraît s'agir d'un problème de langue (l'anglais prenant moins de place que le japonais), mais après examen détaillé du rapport, j'ai constaté que l'interview de l'ancien employé de Kyôdô Senpaku avait été abbrégée en anglais. On compte en effet 79 séries de questions-réponses en japonais, contre seulement 29 en anglais. J'ai demandé à un membre de Greenpeace s'il y avait une raison à cette omission. Il m'a répondu que non, qu'il s'agissait d'un choix des personnes ayant préparé le rapport.

L'information manquante en anglais est pourtant intéressante. En effet, face aux accusations de Greenpeace, la compagnie maritime Kyôdô Senpaku a déclaré qu'il était de coutume d'offrir de la viande de baleine à l'ensemble des membres d'équipage qui passent cinq mois en mer, dans un environnement hostile et loin de leurs familles. Ce fait est confirmé par l'informateur de Greenpeace. Voici le passage correspondant, suivi d'une traduction personnelle français :

調:先ほどその、個人で持ち帰られるっていう肉があるっておっしゃいましたけど、その中に「お土産」もあるということを聞いたことがあるんですけども。
Q: Vous avez dit tout à l'heure qu'il y avait de la chair [de baleine] que chacun ramène chez soi, mais j'ai également entendu dire qu'il y avait également des "cadeaux".
情:はい。あの、船側である程度お土産はくれますね。それは、赤肉1キロブロックが6個くらい、あと畝須の塩漬けが5キロくらいですね。それはお土産でくれますね。あと、個人で買うものもあります。だいたい1人最低4キロ、1キロブロック4個くらいは買いますね。
R: Oui. La compagnie maritime (NDT: Kyôdô Senpaku) nous offre des cadeaux dans une certaine mesure. C'est environ 6 blocs d'un kilo de viande rouge et aussi environ 5 kilos de bacon de baleine. Ensuite, on peut aussi en acheter personnellement. On achète environ 4 kilos par personnes au moins, soit 4 blocs d'un kilo.

調:それは、具体的に買うというのはどういう風に?現金で払って買う?
Q: Vous achetez ça comment exactement ? En payant en liquide ?
情:いえ。給料引きですね。
R: Non. C'est déduit du salaire.

調:後々、給料から…ですか?
Q: Déduit ensuite du salaire ?
情:そうですね。給料から引かれます。
R: Oui. C'est déduit du salaire.

調:それらはどのようにして個人宅に配達されるんでしょうか?
Comment tout ceci est-il envoyé au domicile de chacun ?
情:そのお土産品ですか?
R: Les cadeaux?

調:はい。
Q: Oui.
情:冷凍品はみんな宅急便ですね。
R: Les produits congelés sont tous envoyés par colis express.

調:クール宅急便?
Q: Par colis express réfrigérés ?
情:クール宅急便ですね。冷凍品は。
R: Oui, par colis express réfrigéré, pour les produits congelés.


Ce que je déduis de ce passage, c'est que la compagnie Kyôdô Senpaku offre effectivement de la viande de baleine congelée et du bacon de baleine (conservé dans le sel) à ses employés en remerciement de leurs efforts comme elle l'a annoncé dans un de ses communiqués de presse. Il se trouve que Greenpeace a découvert 23,5 kilos de bacon de baleine conservé dans le sel dans le colis qu'il a dérobé dans le dépôt d'Aomori. Les aliments conservé dans le sel ne nécessitant pas forcément d'être congelé. En outre, l'employé qui a envoyé ce colis à destination de son domicile à Hokkaidô a expliqué avoir reçu les parts de trois de ses collègues. J'ai demandé aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, au secrétaire général de Greenpeace Japan, Jun Hoshikawa si le colis qui a été subtilisé par les deux activistes arrêtés ne pouvait pas correspondre aux "cadeaux" dont il est fait mention dans le rapport de Greenpeace. Il m'a répondu que non.

Une autre chose qui m'interpelle dans le rapport de Greenpeace, c'est la quantité de viande de baleine qui serait détournée. D'après leur informateur, entre 120 à 130 membres d'équipage du Nisshin-maru emporteraient chacun de 200 à 300 kilos de viande de baleine. Ca fait entre 24 et 39 tonnes en tout! Je ne sais pas où ils mettent tout ça, mais les chambres du Nisshin-maru ne permettent certainement pas de cacher 200 kilos de chair de baleine. En outre, si on considère qu'un colis contient en moyenne 25 kilos, Greenpeace aurait dû observer entre 960 et 1.560 colis. Seuls 47 colis ont été constatés lors du retour du Nisshin-maru au port de Tokyo, le 15 avril 2008.

J'ai fait remarquer cette différence à M. Hoshikawa, mais sa seule explication a été que cette année, la flotte n'ayant pu prélever que 551 rorquals de Minke, il devait y avoir moins de viande de baleine détournée. Certes, mais 551 rorquals de Minke représentant environ la moitié de ce qui était prévu, il y aurait dû y avoir entre 480 et 780 colis contenant la soi-disante viande détournée. On est encore loin du compte.

Selon le quotidien Nikkei Shinbun, le parquet de Tokyo a annoncé aujourd'hui avoir annulé les plaintes contre les 12 membres d'équipage du Nisshin-maru en l'absence d'éléments à charge. Cette annonce vient clore cette affaire en ce qui concerne les baleiniers japonais, mais ce n'est que le début pour Greenpeace. La police japonaise enquête actuellement sur l'organisation du vol commis à l'encontre du dépôt de la compagnie Seinô à Aomori. Greenpeace pourrait aussi se voir accuser de diffamation. Autrement dit, les "petits pois" sont cuits. Il est sans doute temps que cette ONG se détache de la question de la chasse à la baleine et se préoccupe de sujets plus importants sur le plan écologique. En tout cas, ils ont perdu le peu de crédibilité qu'ils avaient au Japon...lire la suite>>

jeudi, juin 19, 2008

La tradition religieuse des « chrétiens cachés » préservée sur l’île d’Ikitsuki

J'avais déjà évoqué les chrétiens cachés (kakure kirishitan 隠れ切支丹) d'Ikitsuki lorsque j'avais présenté la traduction d'un article sur l'œuvre "Kujiragami". Le site FujiSankei a récemment publié un article sur un office religieux tenu par des descendants des chrétiens cachés et lors duquel il était de coutume d'offrir de la viande de baleine bouillie. Cela permet d'envisager un peu mieux la relation entre les chrétiens cachés et le kujiragumi du clan Masutomi. Voici une traduction de cet article.

La tradition religieuse des « chrétiens cachés » préservée sur l’île d’Ikitsuki
FujiSankei, le 18 juin 2008

Dans une petite et sombre pièce à plancher de bois, cinq hommes vêtus de kimonos entonnent une sorte d’incantation en joignant les mains. "Gururiyôza dômino." Les voix graves résonnent avec la mélodie du chant grégorien hérité des liturgies de l’Eglise catholique romaine. Il s’agit de l’ "oratio", des prières où se mèlent le latin et le portuguais au japonais.

Sur le mur de la pièce voisine est accroché une peinture représentant une femme pure vêtue d’un kimono. Bien qu’elle ressemble avant tout à une Japonaise, il s’agit d’une image de la Vierge que ces hommes appellent une "relique sacrée". Devant sont posés du saké dans une petite coupe et de la viande de baleine bouillie dans une assiette. Ces offrandes flottent dans la lumières des bougies.

Malgré l’interdiction durant la période d’Edo, les "chrétiens cachés" n’ont pas renoncé à leur foi. Sur l’île d’Ikitsuki (commune de Hirado, département de Nagasaki), quelques 500 croyants ayant hérité de ces traditions continuent ces offices environ dix fois par an, plus de 130 ans après la levée de l’interdiction au début de l’ère Meiji.

De la sériole et de la seiche

"Autrefois, il était coutumier de consommer les offrandes après avoir executé l’oratio, mais cette pratique a quasiment disparu," explique avec tristesse Kawasaki Masaichi dont la famille se transmet le rôle d’ "oyaji" chargé de préserver la relique sacrée de génération en génération.

Avec la succession de jours fériés du mois de mai, des touristes sont également venu assister à l’office ce jour-là et l’offrande traditionnelle de viande de baleine bouillie a été faite pour ainsi dire de manière exceptionnelle. "Ces dernières années, il est difficile et coûteux de se procurer de la viande de baleine. Nous utilisons donc souvent du sashimi de poisson comme la sériole ou encore de la seiche pour les offrandes," précise M. Kawasaki.

Le saké et la nourriture des offrandes sont des substituts au vin et au pain qui sont utilisés lors des offices chrétiens comme symboles du sang et du corps de Jésus. Autrefois, on utilisait principalement de la viande de baleine en lieu du pain parce qu’on en trouvait facilement.

La technique de chasse consistant à capturer des baleines à l’aide de filets et de harpons s’est établie sur l’île d’Ikitsuki à partir du deuxième tiers de la période d’Edo. Le clan Masutomi qui y dirigeait un "kujiragumi", une organisation de chasse à la baleine, a prospéré durant 140 ans et bâti son immense fortune en extrayant l’huile de baleine selon une méthode qu’il lui aurait été transmise par les Hollandais.

Les baleines étaient également utilisées efficacement pour la nourriture. La viande était salée et envoyée à Fukuoka, le blanc à Saga, le couteux lard des sillons à Nagasaki où le commerce avec l’étranger était florissant, ... De récentes données indiquent que Nagasaki est encore de nos jours la région où la consommation annuelle de viande de baleine est la plus élevée, mais elle ne dépasse pas 170 grammes par habitant. La quantité de viande de baleine en distribution est a ce point rare.

Accrochages

Le navire de protestation de l’organisation écologiste américaine Sea Shepherd se déplace parallèlement, tout près du Nisshin-maru, le navire usine de la flotte de recherche japonaise. Il se rapproche, ignorant les avertissements répétés en anglais par l’équipage japonais lui ordonnant de garder ses distances.

"Distance cinq mètres. Des bouteilles contenant ce qui semble être de l’acide butyrique viennent d’être lancées. Il y a des blessés." Un garde-côte japonais hausse la voix sur le pont du navire pour faire un rapport de la situation. Il s’agit des accrochages qui se sont produits en Antarctique autour de la chasse à la baleine et dont les images ont été diffusées plusieurs fois lors des journaux télévisés au début de cette année.

La Commission baleinière internationale (CBI) a adopté une interdiction de la chasse commerciale à la baleine en 1982. Bien que la chasse scientifique dont le but est d’éclaircir les paramètres biologiques des baleines ait été approuvée à partir de 1987, l’opposition entre les pays baleiniers comme le Japon et la Norvège et les ONG et nations opposées à la chasse à la baleine tels que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne disparaît pas.

"Ce qui pose problème, c’est que les baleiniers capturent des baleines d’espèces menacées d’extinction sans en connaître le nombre exact. Cette pratique n’a de scientifique que le nom et est en réalité commerciale," commente un responsable des relations publiques de Greenpeace Japan.

De son côté, Okada Hideaki de l’Agence pour la pêche rétorque que, de même que pour les poissons, il est nécessaire de prélever des baleines des espèces dont les populations augmentent. "Il existe au Japon une tradition de manger de la baleine depuis les temps anciens et contrairement aux pays occidentaux, on utilise tout dans la baleine," souligne-t’il.

Produit de la recherche

Les pays qui s’opposent actuellement à la chasse à la baleine la pratiquaient autrefois, rejetant la carcasse après en avoir extrait l’huile. Au Japon, l’utilisation alimentaire était centrale et on pense que les habitants de l’archipel consommaient déjà de la viande de baleine à la période Jômon. A l’époque où la chasse commerciale était la plus active après la Seconde Guerre Mondiale, plus ou moins 200.000 tonnes de viande de baleine circulaient annuellement et on en servait même lors des repas scolaires.

La quantité actuelle de viande de baleine est actuellement d’environ 4000 tonnes (données 2007). La viande de baleine est vendue en tant que "produit" de la chasse scientifique que l’Institut japonais de recherche sur les cétacés (Tokyo) conduit sous mandat de l’Agence japonaise pour la pêche et le volume total distribué ne représente qu’un pourcent de celui du thon. Les recettes servant à couvrir les frais de recherche de l’année suivante, un kilogramme de viande de baleine coûte près de 2000 Yen, soit plus du double du prix du thon obèse (Thunnus obesus).

Le nombre de baleines diffère en fonction des espèces. Bien qu’il y ait des craintes que les baleines bleues disparaissent, la CBI a certifié qu’il y avait près d’un million de rorquals de Minke. Malgré cela, les pays baleiniers et ceux opposés à la chasse à la baleine n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente.

Tenace est l’opinion observant la valeur de la baleine comme source de nourriture qui pourrait remplacer les poissons tels que le thon dont les ressources ne suffisent pas du fait de la forte demande internationale due au succès des sushi et sashimi. "Je souhaite que les frictions émotionelles et les actions contre la chasse scientifique cessent et qu’un débat puisse avoir lieu dans le calme." Telle est la prière de M. Kawasaki, héritier des croyances de chrétiens cachés à Ikitsuki.
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samedi, juin 14, 2008

Des baleines, des hommes et la mer - 1

Le moratoire sur la chasse commerciale à la baleine adopté en 1982 par la CBI est entré en vigueur au Japon en 1987/88. Récemment, un utilisateur a posté sur Youtube un reportage réalisé par la télévision japonaise sur la dernière croisière commerciale de chasse à la baleine conduite par le Japon en Antarctique en 1986/87. Ce reportage est très intéressant mais uniquement en Japonais. J'ai donc décidé de le sous-titrer en anglais pour permettre à plus de gens de pouvoir appréhender les conditions de travail des baleiniers et l'attachement des Japonais à cette activité.

Le reportage étant assez long, il a été découpé en sept parties. En voici les deux premières. Elles montrent l'organisation du travail dans la flotte baleinière. Soulignons qu'il s'agit de chasse commerciale. L'organisation des opérations diffèrent de celles de la chasse scientifique que le Japon conduit actuellement en Antarctique. Je posterai les autres vidéos lorsque j'en aurai terminé le sous-titrage.

Des baleines, des hommes et la mer (1/7)


Des baleines, des hommes et la mer (2/7)


A suivre...
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lundi, juin 09, 2008

L'histoire de la chasse à la baleine au Japon - 8

Aujourd'hui, poursuivons notre récit de l'histoire de la chasse à la baleine au Japon. Nous avons précédemment vu le développement de la chasse industrielle côtière, penchons-nous cette fois sur le début de la chasse pélagique.

En 1904, alors que les Japonais réussissent enfin à mettre la main sur les nouvelles techniques de chasse à la baleine, les Norvégiens portent leur regard vers le dernier océan que les baleiniers n’ont pas encore ouvert : l’Océan Antarctique. Cette année-là, le Norvégien Carl Anton Larsen (photo 1) ouvre une station baleinière sur l’île de Géorgie du Sud à l’aide de capitaux d’une société de pêche argentine. Les opérations de chasse à la baleine à partir de cette île vont se développer rapidement, mais des limitations imposées par le Royaume-Uni à qui appartient ce territoire, vont conduire les Norvégiens à mettre au point un plan incliné appelé slipway à l’arrière d’un navire-usine en 1924. Cette invention révolutionne la chasse puisqu’elle donne aux opérations baleinières une totale liberté de mouvement.

Dès lors la chasse à la baleine en Antarctique va connaître un véritable boom avec quelques 30.000 cétacés capturés en 1930-31. Néanmoins, cette forte activité, associée à la crise économique de 1930, va provoquer une chute des prix de l’huile de baleine et conduire les baleiniers à réduire leurs flottes. A cette occasion, en 1934, Nihon Hogei rachète un navire-usine, l’Antarctic, et cinq baleiniers aux Norvégiens. Malgré quelques difficultés - de nombreux baleiniers avaient peur de ne pas être capables de rentrer au Japon, et ceux désireux de s’engager dans la chasse en Antarctique devaient préalablement obtenir l’autorisation de leurs pères -, Nihon Hogei engage quelques techniciens scandinaves et envoie la flotte de ce navire-usine renommé Tonan-maru en Antarctique où elle capturera 213 cétacés en deux mois. Il s’agit là de la première expédition de chasse pélagique japonaise et quelques marins mourront du beri-beri durant celle-ci.

La voie ouverte par Nihon Hogei va permettre le développement de la chasse en Antarctique pour les baleiniers japonais, et ainsi en 1938-39, les trois grandes compagnies armeront six flottes composées de six navires-usines, 49 baleiniers et huit bateaux de transport. L’année suivante, Nissui envoie pour la première fois le Tonan-maru dans le Pacifique nord. Entre 1934 et 1941, les baleiniers japonais captureront un peu plus de 30.000 cétacés en Antarctique, ce qui ne représente qu’environ 12% des prises dans cette zone à la même époque. Il est néanmoins intéressant de se pencher sur les raisons qui ont permis ce développement très rapide de la chasse pélagique.

En effet, les campagnes de chasse à la baleine en Antarctique ont été dès le début appuyées par l’Etat et surtout par l’armée japonaise. Ainsi, considérant l’intérêt stratégique et militaire que peuvent constituer ces bateaux, la marine impériale a soutenu la fabrication des navires-usines japonais. Par ailleurs, lors des expéditions de chasse en Antarctique entre 1934 et 1941, les baleiniers japonais ont rejeté en grande partie la viande des cétacés, et ont concentré leurs efforts sur la production d’huile de baleine destinée à être vendue sur le marché européen et ainsi à apporter des devises qui serviront à l’expansion militaire nipponne. Durant la Seconde Guerre Mondiale, la totalité des navires-usines et des baleiniers japonais seront réquisitionnés par l’armée, et finalement détruits par les Alliés lors des combats.
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mercredi, juin 04, 2008

Petit point sur l'actualité baleinière avant la 60e réunion de la CBI

La 60e réunion plénière de la Commission baleinière internationale (CBI) aura lieu du 23 au 27 juin prochains à Santiago du Chili. En fait le comité scientifique de la CBI est déjà réuni depuis le 1er juin, et ce jusqu'au 13. C'est généralement durant les semaines qui précèdent la plénière que les pro- et anti-chasse baleinière se lancent dans une confrontation médiatique. Outre les accusations de Greenpeace selon lesquelles des marins du Nisshin-maru détourneraient de la viande de baleine (l'enquête est en cours), voyons quelles ont été les récentes informations relatives à la chasse à la baleine.

Selon le Mainichi shinbun, la composante côtière du programme de recherche japonais sur les cétacés dans le Pacifique nord-ouest (JARPN2) au large du port d'Ishinomaki (département de Miyagi) s'est conclue le 18 mai dernier avec la capture de 60 rorquals de Minke communs (balaenoptera acutorostrata). L'Institut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) a rendu public (en japonais) un rapport sur les premiers résultats de ces recherches. Selon le professeur Katô Hidehiro, responsable du programme, la découverte de lançons du Pacifique (Ammodytes personatus) immatures dans les estomacs des rorquals de Minke juvéniles serait une première, ces animaux se nourrissant généralement de lançons adultes.

Le quotidien local Chûgoku shinbun rapporte que le départ de la flotte de recherche du Nisshin-maru pour le Pacifique nord-ouest initialement prévu au 30 mai a été retardé par le suicide d'un membre d'équipage à bord du navire-usine ce jour-là. L'homme aurait à plusieurs reprise fait part à ces collègues d'une maladie chronique qui le faisait souffrir. Les gardes-côtes suivent cette piste.

Le ministère de la pêche islandais a annoncé le 19 mai dernier avoir fixé un quota commercial de 40 rorquals de Minke communs pour ses baleiniers. Ces derniers espéraient un quota de 100 rorquals de Minke ainsi que de quelques rorquals communs, mais le ministère a préféré établir un quota viable économiquement. L'année dernière, l'Islande avait mis un terme à la saison de chasse baleinière de crainte que la viande de baleine ne se vende pas. Cette décision a été critiquée à la fois en Islande, notamment par le ministère de l'Environnement, et à l'étranger par divers pays comme les Etats-Unis qui ont accusé l'Islande de miner les efforts de réconciliation qui sont actuellement faits au sein de la CBI. Etrangement, ces pays n'ont pas critiqué la Norvège lorsqu'elle a établi un quota de plus de 1000 rorquals de Minke plus tôt cette année.

Les deux pays scandinaves mentionnés ci-dessus ont récemment annoncé qu'ils avaient exporté de la viande de baleine à destination du Japon pour la première fois depuis près de 18 ans. Le ministère japonais de l'Agriculture, des pêches et des forêts a déclaré qu'il n'avait pas connaissance de demande d'autorisation d'importation, procédure nécessaire pour importer de la viande de baleine. La cargaison comporterait 60 tonnes de viande de rorquals communs capturés en Islande en 2006. Une fois encore les Etats-Unis ont critiqué la décision des pays baleiniers. Notons également que les journalistes de Reuters ne semblent pas savoir de quoi ils parlent puisqu'ils annoncent que la réunion plénière de la CBI aura lieu en Chine !

Pour finir, la société Kyôdô Senpaku qui affrete les navires baleiniers utilisés lors des programmes de recherche sur les cétacés a rendu public un rapport concernant la consommation annuelle de viande de baleine au Japon. Selon ce rapport, le département de Nagasaki arriverait en tête avec 177,4 grammes par personne, suivi des départements de Miyagi, Saga, Yamaguchi et Fukuoka. La moyenne nationale serait de 50,2 grammes par personne. L'Agence japonaise pour les pêches aurait commenté que ces chiffres démontraient qu'"il existait des régions où la consommation de viande de baleine restait fortement ancrée dans les coutumes." L'ONG Greenpeace déclare de son côté que la consommation est très faible et qu'il n'y a quasiment aucune demande dans l'ensemble du pays.
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