jeudi, mars 06, 2008

L'avenir de la CBI - réunion intermédiaire

Aujourd'hui s'ouvre pour trois jours à Heathrow, dans la banlieue de Londres, une réunion intermédiaire de la Commission baleinière internationale (CBI). Cette réunion a pour principal objectif de permettre aux pays membres de la CBI de trouver une solution pour sortir l'organisation de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis près de 20 ans. Il est fort probable que les discussions seront également marquées par les récentes actions dangereuses et illégales de l'ONG Sea Shepherd contre les navires japonais en Antarctique. Rappelons que la CBI a adopté à l'unanimité des textes appelant ses membres à assurer la sécurité en mer lors des deux dernières réunions plénières.

Bien que la CBI se soit doté en 1993 d'une méthode (RMP) permettant de calculer des quotas de chasse sans mettre en risque les populations de cétacés les plus abondantes, les discussions restent bloquées sur les mesures (RMS) entourant l'application de cette méthode. A celà s'ajoute la position de certains pays comme l'Australie qui déclarent ouvertement être contre toute chasse à la baleine. A ce propos, ce dernier pays a préparé un document présentant sa position sur la chasse à la baleine. Il y est notamment précisé que "nonobstant l'opposition résolue de l'Australie à la chasse commerciale à la baleine, nous reconnaissons qu'il est possible qu'une majorité des trois-quarts des membres de la CBI puissent désirer permettre la reprise d'une forme de chasse commerciale dans le futur. Bien que l'Australie ne soutiendra jamais la chasse commerciale à la baleine, nous ne tiendrons pas à l'écart de futurs débats relatifs à la gestion des baleines au sein de la Commission."

Il est sans doute bon de rappeler que le mandat de la CBI, tel qu'il est définit dans la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine, est "la conservation judicieuse des populations de baleines et de rendre possible le développement ordonné de l'industrie baleinière." De toute évidence, l'Australie semble ne pas accepter la seconde moitié de ce mandat. De même, certaines ONG anti-baleinière sont farouchement opposée à la reprise de la chasse commerciale à la baleine, malgré les progrès du Comité scientifique de la CBI dans le développement de méthodes de gestion de la chasse. Ainsi, Patrick Ramage de l'IFAW (Fonds international pour le bien-être des animaux) a déclaré que "le gouvernement du Japon continuait de détourner un forum international dans un but pro-baleinier". Pourtant, il s'agit bien du mandat de la CBI que de gérer la chasse à la baleine.

Il paraît donc clair que l'actuel blocage de la CBI provient du refus des opposants à la chasse à la baleine à reconnaître le mandat original de cette organisation. Le comportement du gouvernement australien, en particulier de son ministre de l'Environnement, Peter Garrett, ne laisse pas présager que les choses évoluent beaucoup lors de cette réunion. Le président de la Commission, William Hogarth qui est à l'origine de cet effort en vue d'un déblocage de la CBI, a d'ailleurs montré son pessimisme en déclarant qu'il "ne voyait pas d'avenir pour la gestion et la conservation des baleines si les gens ne cherchent pas une voie vers l'avant".

Il n'est pas improbable que le Japon finisse par quitter la CBI et crée sa propre organisation de gestion de la chasse à la baleine si ses efforts de compromis continuent d'être frustrés par le camp anti-baleinier. Cette décision sonnerait le glas pour la CBI et serait un mauvaise exemple pour la gestion internationale des ressources vivantes marines. La chasse à la baleine peut être gérée et conduite de manière durable, et marquer un précédent décisif pour les autres industries de la pêche. La question est de savoir si la protection d'un symbole est plus importante que la gestion durable et contrôlée d'une ressource marine.

Aucun commentaire: