vendredi, février 23, 2007

L'histoire de la chasse à la baleine au Japon - 4

Comme je l'ai évoqué la fois précédente, les organisations de chasse à la baleine appelées kujiragumi vont connaître un déclin à partir de la moitié du 17e siècle. La principale cause de ce déclin réside dans la faible efficacité des techniques de chasse au harpon : de nombreux animaux sont blessés mais parviennent à échapper aux chasseurs.

Ce problème va être réglé entre 1675 et 1677 grâce à une innovation technologique : l'introduction de filets dans les techniques de chasse baleinière des kujiragumi (amikake-tsukitorihogei 網掛け突き捕り捕鯨). On considère que cette idée serait venue au dirigeant du kujiragumi de Taiji, Taiji Kakuemon 太地覚右衛門 en observant un insecte piégé dans une toile d'araignée, mais il est fort probable que les techniques de pêche de l'époque en soient l'origine réelle. L'utilisation des filets permet non seulement d'assurer la capture des baleines, mais elle permet également aux kujiragumi d'entreprendre la chasse des espèces de cétacés dont le cadavre coule apres la mort de l'animal (rorquals).

Tout comme les techniques de chasse au harpon au début du 17e siècle, l'introduction des filets va être transmise aux autres régions pratiquant la chasse à la baleine, atteignant le Tosa (Muroto) dès 1683 et le Saikai (Ouest de Kyûshû) à la fin du 17e siècle. La chasse aux harpons seuls continuera néanmoins d'exister dans certaines régions, en particulier à Katsuyama, du fait des caractéristiques des espèces chassées (ex: baleine à bec de Baird) ou de la configuration des fonds marins. On différencie donc les kujiragumi en fonction des techniques de chasse qu'ils emploient : les tsukigumi 突き組 chassent uniquement au harpon, les amigumi 網組 utilisent également les filets.

L'utilisation des filets va permettre un nouvel essor des kujiragumi, notamment dans la région du Saikai, à l'ouest de Kyûshû, où il y a eu jusqu'à environ soixante-dix groupes de chasse. Cette période va également voir la diversification de l'usage des produits de la chasse. Ainsi, l'huile de baleine qui était principalement utilisée pour l'éclairage, va aussi servir dans les champs après la découverte à la fin du 17e siècle de ses vertus pour repousser les insectes nuisibles. De même, les fanons servent par exemple à la conception des marionnettes de théâtre bunraku. Des ouvrages traitant de la chasse à la baleine tels que le Saikai geigei ki 西海鯨鯢記 (1720) et l'Isanatori ekotoba 勇魚取絵詞 (1829) font également leur apparition à cette époque.

Toutefois, la diminution brutale du nombre de baleines s'approchant des côtes japonaises à partir du milieu du 19e siècle va progressivement provoquer la fin des kujiragumi.

A suivre...
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samedi, février 17, 2007

Les tombes de baleines de Katsuyama

Aujourd'hui (17 février 2007), je me suis rendu à Katsuyama (Ville de Kyonan, département de Chiba), le port où les deux protagonistes de "Whale-Love Wagon" ont visité récemment.

Comme je l'ai évoqué précédemment, la chasse à la baleine y a commencé au début du 18e siècle sous la direction d'un seigneur local, Daigo Shinbê Sadaaki 醍醐新兵衛定明 (1630-1704). Le nom de Daigo Shinbê a en fait été transmis de génération par les dirigeants (motojime 元締め) du kujiragumi de Katsuyama. La tombe de Daigo Shinbê I (Sadaaki) se trouve sur le flan du mont Daikoku à Katsuyama. Celles de ses descendants sont au temple Myôten-ji 妙典寺.

Tout près de ce temple, se trouve le sanctuaire Kachiyama-jinja 加知山神社. Un chant que les pêcheurs du kujiragumi de Katsuyama entonnaient autrefois pour célébrer la capture d'une baleine, est encore chanté de nos jours lors d'un rituel shintô de ce sanctuaire, organisé tous les ans en juillet. De même, il était de coutume que le dirigeant du kujiragumi offre aux pêcheurs des kimono appelés maiwai 万祝 lorsque la saison avait été particulièrement bonne. Cette coutume régionale n'était pas exclusive à la chasse à la baleine et était pratiquée dans la plupart des pêches. Des maiwai peuvent être contemplés au Musée préfectorale d'Awa 千葉県立安房博物館 dans la ville voisine de Tateyama.

Un peu plus loin, se trouve un petit sanctuaire où ont été érigées de petites tombes dédiées aux baleines (kujira-zuka 鯨塚). Près d'une centaine de ces tombes auraient été érigées à la fin de chaque saison, mais il n'en reste qu'une cinquantaine aujourd'hui. Il faut noter que contrairement aux kujiragumi des autres régions qui opéraient en hiver, celui de Katsuyama chassait l'été, lorsque les baleines à bec de Baird migrent près des côtes de la péninsule Bôsô. En moyenne, neuf animaux étaient capturés par an à cet époque.
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jeudi, février 15, 2007

"L'amour des baleines" de Greenpeace - 3 et 4

Pendant que Sea Shepherd joue aux auto-tamponneuses contre les navires de la flotte baleinière japonaise en Antarctique, Greenpeace continue son approche "soft" de la question avec son feuilleton "Whale-Love Wagon". Lors du 3e épisode qui a été rendu publique jeudi dernier (8 février 2007), Ivan et Yuki sont conviés par deux grand-mères qu'ils ont rencontrées à Kyonan, à goûter des plats à base de viande de baleine. Avant de manger de la baleine frite, Ivan ne peut s'empêcher de dire que ça lui fait un peu peur car c'est la première fois qu'il y goûte. L'une des deux grand-mères le rassure en lui disant que c'est bon. Après avoir vaincu ses craintes, il répond à la dame que c'est effectivement bon...

Et c'est là que le problème se pose pour Greenpeace parce qu'apparemment, certains supporters de l'ONG ne sont pas d'accord avec le fait qu'un membre de Greenpeace mange de la baleine et dise que c'est bon. Greenpeace précise que Yuki et Ivan sont indépendants de l'ONG. Ben oui, mais "Whale-Love Wagon" est quand-même orchestré par eux non ?
Toujours est-il que sur le blog de "Whale-Love Wagon", Ivan a précisé qu'il n'aimait pas la viande de baleine. Pourtant il a dit qu'il avait trouvé ça bon aux deux dames, non ? C'était sans doute par politesse, alors...

De toute manière, la conclusion d'Ivan et Yuki devant les tombes dédiées aux baleines que les gens du kujiragumi de Katsuyama ont érigées autrefois, c'est que "la viande de baleine est consommée par des personnes âgées nostalgiques". Comme quoi on continue notre ballade dans les généralisations. Mais attendez, le quatrième épisode vaut le coup d'œil aussi.

Cette quatrième partie de "Whale-Love Wagon" emmène Ivan Rigual et Yuki Koinuma dans le port de Ônishi (ville d'Imabari, département d'Ehime). Là, des habitants ont sauvé un baleineau qui s'était échoué sur la plage trois ans auparavant. Un pêcheur ayant pris part au sauvetage explique donc à nos deux touristes comment ils s'y sont pris pour retourner l'animal à la mer. Et là, on a le droit à une question super-pertinente d'Ivan : "Lorsque vous avez découvert la baleine sur la plage, personne n'a proposé de la manger ?". Le pêcheur a répondu que non.

Conclusion de Yuki et Ivan : les Japonais aussi aiment les baleines et ne pensent pas qu'à les manger. C'est vrai qu'on aurait pu croire que les Japonais étaient des balénivores psychopathes... Heureusement que Greenpeace est là pour nous dire la "vérité".

Ce qui est intéressant sur le site de "Whale-Love Wagon", c'est que les vidéos sont accompagnées de propagande greenpeacienne qui n'a généralement pas grand rapport avec le contenu de ces premières. Cette fois-ci, on nous explique que les stocks de viande de baleine continuent d'augmenter car il n'y aurait pas de demande pour ce produit au Japon. Ca, c'est la nouvelle croisade de Greenpeace. On veut nous faire croire que les Japonais ne veulent plus de la viande de baleine. Pourtant, si l'on en croit les analyses de David @ Tokyo, la consommation de viande de baleine a augmenté d'environ 40% entre décembre 2005 et décembre 2006.

Alors que l'arrivage de viande de baleine est passé de 5832 tonnes en 2005 à 8950 tonnes en 2006 du fait de l'augmentation du quota de chasse en Antarctique (400 +/-10 rorquals de Minke jusqu'en 2005 contre 850 +/-10% rorquals de Minke et 10 rorquals communs à partir de 2006), la quantité de viande stockée à la fin décembre 2006 (3904 tonnes) n'a augmenté que de 393 tonnes par rapport au même mois de l'année précédente (3511 tonnes). Autrement dit, la quantité de viande sortant du stock est passée de 5955 tonnes en 2005 à 8558 tonnes en 2006. Cela signifie que la consommation a augmenté en réponse à l'offre, contrairement à ce que Greenpeace veut nous faire croire.

Mise à jour (17 février 2007) :
L'Affaire "Greenpeace mange de la baleine" continue de faire des vagues au sein des protecteurs des cétacés. Cette fois-ci, Sea Shepherd critique sévèrement Greenpeace après que les deux protagonistes de "Whale-Love Wagon" aient dégusté de la viande de baleine, consiférant que ces derniers "ont trahi les baleines". Rappelons que Paul Watson, fondateur et président de Sea Shepherd, est l'un des co-fondateur de Greenpeace. Il a quitté cette ONG du fait de désaccords quant aux stratégies de Greenpeace qu'il trouvait trop pacifistes.
Emiliano Ezcurra, un activiste de Greenpeace responsable de cette nouvelle campagne, aurait déclaré que Greenpeace "n'avait pas de problème avec la culture japonaise et le fait de manger de la baleine" et précisé que l'ONG ne s'opposait pas à la chasse côtière, mais à celle en Antarctique. Les Norvégiens et les Islandais qui ne chassent les baleines que près de leurs côtes seront rassurés de savoir cela.
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mercredi, février 14, 2007

Fête du sanctuaire Ukitsu Hachiôjigû à Muroto

Les 7 et 8 octobre 2006 se tenait à Muroto (département de Kôchi, île de Shikoku) la fête d'automne du sanctuaire Ukitsu Hachiôjigû 浮津八王子宮秋祭 lors de laquelle sont présentés une maquette de bateau et des chants hérités de la chasse à la baleine à la période d'Edo. La maquette est montée sur une sorte de char à roues que de jeunes hommes du quartier d'Ukitsu poussent à travers la ville en chantant et battant du tambour.

La chasse à la baleine a commencé dans le port de Tsuro vers 1625 sous l'impulsion du gouverneur local, Tada Gorôemon. Ce dernier serait issu d'une famille ayant des liens avec les suigun. Les activités de chasse à la baleine dirigée par Tada servaient également à la surveiller la côte contre d'éventuels envahisseurs et auraient duré jusqu'en 1641. Ce n'est qu'en 1660 que les kujiragumi de Tsuro 津呂 et d'Ukitsu 浮津 ont été fondé et que la chasse à la baleine est devenue une activité importante de cette région. Les deux kujiragumi échangeaient leurs zones de chasse tous les ans, l'un sur la côte ouest, l'autre sur la côte ouest du cap de Muroto. En 1683-5, les techniques de chasse aux filets ont été transmises par des gens de Taiji, d'abord au kujiragumi de Tsuro, puis à celui d'Ukitsu.

Les chants présentés lors de la fête du sanctaire Hachiôjigû sont héritées du kujiragumi d'Ukitsu et étaient entonnées par les harponneurs dits hazashi 刃刺 lors des banquets organisés par le dirigeant (kuminushi 組主) du groupe à l'occasion du début de la saison ou pour célébrer une capture. Le saké coulait à flots lors de ces banquets et il était apparemment interdit de sombrer dans l'ivresse à l'intérieur de la demeure du kuminushi, ce qui permet d'imaginer que les règles étaient très strictes dans les kujiragumi.



Le premier jour de la fête est le yoimiya. Deux vingtaines de jeunes gens poussent deux chars sur lesquels sont montés des répliques de bateaux : le hikibune 曳舟et le kujirabune 鯨舟. Ils s'arrêtent devant la porte de chaque maison et entonnent en cœur un chant au rythme du tambour (voir vidéo). Ce rituel doit apporter chance et fortune aux foyers. En échange de ce service, les habitants offrent de l'argent et des boissons aux jeunes gens. Ce processus est répété plusieurs fois de 9 heures le matin jusqu'à après minuit. Le soir, un rituel de purification est accompli par un prêtre shinto au sanctuaire. Cette période de l'année est le moment où les divinités dites kami quittent leurs sanctuaires et se réunissent à Izumo.

Lors de ce yoimiya, j'en ai profité pour faire un petit tour au sanctuaire Tsuro Ôjigû. Là, sont conservés divers peintures et maquettes évoquant les activités du kujiragumi de Tsuro. Je suis également allé dans un petit musée dédié à l'histoire de la chasse à la baleine à Muroto et où sont exposés divers outils et peintures. Bien que la chasse à la baleine ait cessé au milieu du 20e siècle à Muroto, de nombreux baleiniers et marins originaires de cette ville ont pris part aux campagnes de chasse baleinière pélagique en Antarctique ou dans le Pacifique nord. Le plus célèbre est sans doute le canonnier Izui Moriichi 泉井守一 qui détient le record de baleines harponnées ; 10.304 toutes espèces confondues.

Le lendemain, le 8 octobre était le honmiya. Des décorations de fleurs en papier ont été accrochées aux structures supérieures des chars. Après un autre rituel shintô dans l'enceinte du sanctuaire, plusieurs habitants du quartier s'y réunissent. Un défilé part du sanctuaire en direction du port de Muroto. En plus des deux bateaux, des châsses et des gens vêtus de divers costumes prennent part à la parade. Au port, les chars et châsses des différents sanctuaires locaux sont réunis. Les jeunes gens du kujirabune forment un cercle autour du joueur de tambour et entonnent assis leurs chants pendant plus de 30 minutes. Après cela, les chars et châsses retournent dans leurs sanctuaires respectifs. La fête est finie. Les jeunes hommes y ayant participé se réunissent dans une grande salle pour fêter ça et chanter une dernière fois en cœur.
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samedi, février 10, 2007

Sea Shepherd blesse deux marins japonais

Les activistes de l'ONG anti-baleinière Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) ont découvert la flotte baleinière japonaise hier et ont commencé leurs actions périlleuses, lançant des grenades fumigènes et des bouteilles de verre contenant de l'acide butyrique sur le pont du Nisshin-maru. Deux marins japonais auraient été légèrement blessés par les projectiles lancés par les membres de SSCS. L'un aurait été atteint par un éclat de verre au visage, l'autre aurait reçu de l'acide butyrique dans un œil.

Cette ONG qui est particulièrement connu pour ses méthodes violentes - Sea Shepherd a coulé plusieurs baleiniers - prétend agir au nom de Charte pour la nature des Nations Unies contre les opérations "illégales" japonaises de chasse à la baleine. Il est peut-être nécessaire de préciser que l'un des navires de SSCS est équipé d'une lame renforcée sur l'un de ses flancs et que le président de l'ONG, Paul Watson a annoncé qu'ils étaient prêts à tout pour arrêter les baleiniers japonais. En outre, Sea Shepherd s'est vue retirer son statut d'observateur à la Commission baleinière internationale du fait de ses exactions, notamment contre des baleiniers islandais amarrés dans le port de Reykjavik en 1986.

Les opérations de chasse scientifique japonaises sont tout à fait légales, comme je l'avais souligné ici. L'interprétation de Paul Watson est volontairement biaisée de façon à justifier ses interventions violentes. Par ailleurs, la réputation de SSCS est davantage entachée puisqu'ils ont, en plus d'actes de vandalisme, blessé deux personnes. Bien sûr, Paul Watson réfute ces faits, prétendant qu'il s'agit-là d'invention de la part des Japonais.

Le constat que l'on peut faire, c'est que la question de la chasse à la baleine, qui a dépassé le cadre écologique depuis bien longtemps, est désormais l'affaire d'extrémistes comme Paul Watson qui sont prêts à tout, c'est a dire même à risquer la vie d'hommes, pour imposer leurs croyances. C'est avec ce genre de fanatisme que la plupart des guerres ont commencé. Avec un peu de chance, les deux bateaux de Sea Shepherd seront à court de carburant avant que quelque chose de plus grave n'arrive. A noter également que l'un des navires, le Farley Mowat navigue sans pavillon après que les autorités maritimes du Belize aient annulé son enregistrement, et que le second navire, le Robert Hunter est sur le point de subir le même sort si l'on en croit les autorités britanniques.

Mise à jour 1 (12 février 2007) :
Selon certains journaux, les navires de Sea Shepherd étant presque à court de carburant, Paul Watson aurait déclaré être prêt à emboutir le navire-usine japonais Nisshin-maru avec le Farley Mowat. S'il fallait une preuve de la démence de Paul Watson, c'est chose faite. Ce genre d'attitude fanatique montre le peu de respect que les gens de SSCS ont pour la vie et l'environnement.

Mise à jour 2 (12 février 2007) :
Le Robert Hunter et un navire de la flotte baleinière japonaise sont entrés en collision aujourd'hui. Le bateau japonais en question est le Kaikô-maru, un navire d'observation dont la mission est d'observer les groupes de baleines qu'il croise et de prélever des échantillons de krill. Il n'est pas équipé de canon lance-harpon et ne présente donc aucun danger pour les cétacés.
Malgré celà, Paul Watson déclare que le Farley Mowat et le Robert Hunter manœuvraient pour protéger un groupe de baleines situées près du Kaikô-maru. Un mensonge maladroit de la part de Watson pour justifier son attaque contre ce navire japonais. Ou alors, il a définitivement perdu le peu de raison que l'on pouvait espérer de lui.
Heureusement, plus de peur que de mal dans cette collision. En fait, c'est le navire de SSCS qui semble avoir subi le plus de dommages.

Mise à jour (13 février 2007) :
L'Insitut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) vient de rendre public une vidéo (format WMP) de la collision entre le Kaikô-maru et le Robert Hunter. Malgré les démentis de Sea Shepherd quant à leur responsabilité dans cette collision, la vidéo montre bien que le Robert Hunter a délibérement heurté le navire japonais.
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vendredi, février 09, 2007

Danses des baleines dans le port de Miwasaki à Shingû

Le 15 septembre dernier, je me suis rendu dans le port de Miwasaki (ville de Shingû, departement de Wakayama) pour voir des danses dites kujira-odori 鯨踊り (danses des baleines) et présentées lors de la grande fête du sanctuaire Hachiman-jinja 三輪崎八幡神社例大祭. Malheureusement, contrairement aux informations que j'avais obtenues sur internet, les danses ne devaient être présentées que deux jours plus tard, le 17 septembre. J'ai néanmoins pu récemment obtenir une vidéo de ces danses grâce à la générosité de M. Taiji Akira, le descendant de la famille qui organisait la chasse à la baleine à Taiji. Vous pouvez également regarder un courte vidéo de l'une de ces danses sur le site de la ville de Shingû. (En bas de la page. Notez également qu'une course de bateaux héritée du suigun de Kumano est également organisée tous les ans en octobre dans cette région)

Deux danses sont presentées lors du festival du sanctuaire Hachiman-jinja : denchû-odori et aya-odori. La première est dansée debout avec des éventails et symboliserait la capture de la baleine dans les filets. La seconde est dansée assis avec des batons à rayures et à pompons, représentant le harponnage de l'animal. Ces danses auraient fait leur apparition il y a quelques 300 ans lorsque le kujiragumi de Miwasaki opérait dans cette région. La forme de ces danses a évolué en même temps que les techniques de chasses se sont développées. Elles ont disparu avec le déclin du kujiragumi dû à de mauvaises saisons à la fin de la période d'Edo-début Meiji (fin du 19e siècle). Ce n'est qu'en 1924 qu'elles ont été reconstituées grâce à de jeunes gens de la région. Elles sont désormais transmises par l'Association de préservation des arts locaux de Miwasaki 三輪崎郷土芸能保存会 et ont été reconnues patrimoine culturel intangible par la préfecture de Wakayama en 1974.

En me rendant à Shingu, je suis passé par Katsuura. Là, se trouve une boutique de souvenirs locaux appelée Ogura-ya 小倉屋 où sont vendues de petites maquettes des bateaux du kujiragumi de Taiji. Cette boutique ayant fait l'objet d'un article dans le quotidien Mainichi Shinbun en septembre 2006, les maquettes connaissent un certain succès auprès des touristes qui passent par Katsuura. La gérante de la boutique, Mme Yamamoto Setsu m'a gentiment invité à visiter l'atelier où les maquettes sont confectionnées à la main. Elle m'a également montré le document ancien sur lequel ils se basent pour reproduire les motifs des embarcations et m'a expliqué que certains clients commandaient une flotte entière, soit 39 bateaux. J'expliquerai ceci plus en detail ultérieurement, mais les kujiragumi utilisaient autrefois plusieurs types d'embarcations dont les sekobune (bateaux rabatteurs), les amibune (bateaux maniant les filets) et les mossôbune (bateaux chargés de ramener les baleines vers la côte).

J'ai également profité de l'occasion d'être dans la région pour faire un tour par Taiji. Là, je me suis rendu aux caps Kajitori-zaki et Tômyô-misaki que je n'avais pas pu voir lorsque j'avais visité cette ville pour la première fois en août 2000. Ces deux caps étaient autrefois utilisés comme poste de repérage des baleines. Aujourd'hui, la reconstitution d'une petite cabane dediée à cet usage (yamami-goya 山見小屋) peut être visitée en haut du cap Tômyô-misaki. Il y a également un monument dédié aux baleines au cap Kajitori-zaki.

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jeudi, février 01, 2007

"L'amour des baleines" de Greenpeace - 2

Suite au premier épisode du nouveau "feuilleton" de Greenpeace, j'étais
plutôt sceptique quant à la suite des tribulations d'Ivan et Yuki au Japon dans leur "Whale-Love Wagon". A ma grande surprise, pour le second épisode qui a été rendu publique aujourd'hui, ils ont décidé d'aller dans la ville de Kyonan, au sud de la péninsule de Bôsô (département de Chiba). Le port de cette ville s'appelait autrefois Katsuyama et avait été le siège à la période d'Edo d'un kujiragumi organisé par le seigneur local, Daigo Shinbê que j'ai évoqué précédemment.

Sur le site de "Whale-Love Wagon", on peut trouver une très brève et simpliste présentation de l'histoire de la chasse à la baleine au Japon. L'intention première, c'est à dire faire connaître la chasse à la baleine au Japon, me semble plutôt bonne, mais je crains que le but ultime ne soit d'appuyer les messages de Greenpeace sur ce sujet, du genre "les Japonais n'ont plus besoin de chasser des baleines de nos jours". Déjà, certaines déductions de Yuki et Ivan vont dans ce sens. Lorsqu'un habitant de Kyonan leur explique qu'autrefois, il achetait de la viande tous les jours parce que c'était bon marché, ils en concluent que les gens de cette ville mangeaient de la baleine parce que c'était pas cher. C'est faire peu de cas des coutumes alimentaires de cette région.

Apparemment, leur voyage à Kyonan se poursuit dans le troisième épisode de "Whale-Love Wagon". Je me demande si Yuki et Ivan vont aller jusqu'à Wada, non loin de là, voire rencontrer le patron de la société baleinière Gaibô Hogei. On saura ça le 8 février.

Mise à jour :
En re-regardant la vidéo, j'ai constaté quelque chose de révélateur de la mentalité des opposants à la chasse à la baleine. Lorsque Ivan et Yuki se trouve près de la tombe de Daigo Shinbê Sadaaki, sur le mont Daikoku, ce premier pose une question à M. Saso Hiroki quant à la consommation de viande de baleine dans cette région. Ivan dit "les Espagnols, les Européens, en bref, les étrangers ("gaijin", non-Japonais), ne mangent pas de baleine". Il me semble que les Norvégiens et les Islandais qui mangent de la baleine, sont eux aussi des Européens. De même, il existe de nombreux autres peuples en dehors du Japon qui chassent les baleines et se nourrissent de leur chair.

En outre, lorsque les Basques ont commencé à chasser les baleines franches dans la baie de Biscaye au 9e siècle, ils consommaient également la viande des cétacés, et avaient même une préférence pour la langue. Cette coutume a disparu du fait de la raréfaction des baleines franches près des côtes, obligeant les baleiniers basques à naviguer de plus en plus loin, durant de longs voyages en mer. La conservation de la viande de baleine étant difficile en ces temps-là, l'objectif de la chasse s'est alors concentré sur la production de l'huile.
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