mercredi, mai 30, 2007

Journalisme et chasse à la baleine - 2

L'autre jour, j'étais assez surpris en lisant une série d'articles écrits par Richard Black, le correspondant de la BBC pour les questions d'environnement. Dans ces articles, l'auteur cherche à comprendre les différents aspects de la chasse à la baleine au Japon : les croyances relatives aux cétacés, la consommation de viande de baleine et la chasse scientifique japonaise. Chose rare, Richard Black évite de nous déballer les préjugés habituels sur la question de la chasse à la baleine.

Citons les commentaires du président du comité scientifique de la CBI, le Dr. Arne Bjørge quant aux programmes de chasse scientifique japonais : "La participation japonaise à la recherche sur les cétacés en Antarctique est considérable et même dirais-je, cruciale pour le comité scientifique (de la CBI)." Concernant la revue du programme japonais en Antarctique JARPA, il explique qu' "en bref, le groupe de revue était très satisfait par les données recueillies (par le Japon) et fournies grâce au programme. Il y a eu quelques conseils sur comment analyser davantage ou mieux les données, mais il y avait un consensus général quant à la grande qualité et l'utilité des données."

A l'inverse, le correspondant de Libération, Michel Temman continue de prouver son manque de professionalisme et ses préjugés sur ce problème dans deux articles parus aujourd'hui. Dans le premier, il nous fait part d'une demande du Japon de chasser 50 baleines à bosse, "espèce très protégée" selon lui (si quelqu'un comprend ce que ça veut dire, qu'il me le dise), auprès de la Commission baleinière internationale. Pourtant le Japon avait déjà annoncé en 2005 qu'il commencerait à capturer ces baleines à partir de l'été austral 2007/2008 dans le cadre de son programme de chasse scientifique JARPA2 en Antarctique. Il n'a pour ce faire besoin d'aucune autorisation de la CBI. Outre l'usage systématique de guillemets autour du mot "scientifique", il nous dit que la France a déclaré "qu'il était reconnu que les recherches scientifiques peuvent être menées sur des baleines sans les tuer". Toujours la même désinformation, donc.

Dans son second article, M. Temman nous ressort l'histoire des hamburgers de baleine de Wada. Un classique, désormais. Bien sûr, il oublie de préciser que les baleines chassées dans ce port ne sont pas sous la juridiction de la CBI et que la saison ne dure que de la mi-juin à la fin août. On a également droit à tout un topo sur la vente et la consommation de viande de baleines capturées dans le cadre des programmes de recherche japonais sur les cétacés. En fin de compte, il nous rabache la même chose que les ONG anti-chasse et d'autres médias, à se demander quel est l'intérêt de son article. En parlant de ce monsieur, il m'avait contacté il y a quelques mois après que j'aie laissé un commentaire à la suite d'un de ces articles sur le site de Libé. Je lui avais alors expliqué ce que je lui reprochais dans son traitement du sujet de la chasse à la baleine au Japon.

En ce qui concerne les débats de la CBI à Anchorage, les quotas de chasse aborigène et de subsistence des Inuits d'Alaska ont été adoptés par consensus pour les 5 ans à venir, contrairement à tout ce que les opposants à la chasse à la baleine pouvaient craindre...ou plutôt voulaient essayer de nous faire croire. Bref, vivement le jour où la plupart des journalistes occidentaux suivront l'exemple de Richard Black et aborderont le sujet de la chasse à la baleine de manière objective.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Par quel prétexte peut on justifier la chasse à la baleine? La tradition?
Il fut un temps ou par tradition le Seigneur avait droit de cuissage...

Serais-je une victime de la désinformation?
A l'heure où l'on vient de fêter le 6 milliardième être humain, il est temps de se rendre compte qu'on ne peut pas se nourrir de la mer.
Ou alors si, mais pour quelques années encore...

La baleine est comme le tigre en Inde, un symbole.

Si la chasse à la baleine peut être discutée, concertée et finalement prolongée, il faut aussi accepter que perdure la chasse aux baleiniers.
Certains comme moi ne peuvent s'émouvoir de voir un baleinier harponné et envoyé par le fond.

Le terrorisme écologique a de l'avenir...

isanatori a dit…

Cher anonyme,

La comparaison entre la chasse a la baleine et le droit de cuissage ne me parait pas particulierement pertinente. La chasse a la baleine est sans plutot comparable a la peche dans le sens ou elle apporte des ressources (notamment de la nourriture) aux communautes qui la pratiquent.

La question serait plutot pourquoi interdire la chasse a la baleine? La Commission baleiniere internationale dispose des moyens de determiner des quotas sans mettre en peril les populations de cetaces. Des controles et inspections peuvent empecher les fraudes. Et plus que tout, certaines especes sont suffisamment abondantes pour supporter ce genre de chasse controlee et reglementee.

En effet, la baleine est devenue un symbole pour les ONG pseudo-ecologiques. Un symbole qui detourne l'attention d'autres problemes ecologiques et permet a ces ONG de se remplir les poches. Ce symbole n'est cependant pas universel.

Dire que l'on ne peut pas se nourrir de la mer, c'est un peu exagere. Il faudrait s'en remettre uniquement a l'agriculture? L'agriculture a egalement un poids important sur l'environnement et n'est pas sans risques (vache folle, grippe aviaire, OGM, etc.). Il n'y a aucun probleme a se nourrir des ressources marines si celles-ci sont gerees de facon durable. Ca fait pres de 15 ans que la CBI essaie de mettre en place un systeme de gestion des ressources baleinieres qui permettrait une exploitation durable. Malheureusement, de nombreux pays occidentaux s'y opposent pour faire du "politiquement correct" (et par ce qu'ils n'ont aucun interet dans cette activite qu'ils ont abandonne il y a longtemps car devenue non rentable). Ce systeme pourrait servir dans la gestion des autres ressources marines s'il etait adopte et mis en place.

Quant a la "chasse aux baleiniers", il s'agit d'une action criminelle. La CBI l'a d'aileurs condamnee une fois de plus cette annee. Les medias ont egalement leur responsabilite dans le culte de la personnalite dont certains dirigeants d'ONG violentes jouissent.