mercredi, avril 02, 2008

L'Australie pour la chasse au dugong, mais contre celle à la baleine

L'Australie est sans aucun doute l'un des principaux opposants à la chasse à la baleine. Ceci a notamment été démontré par le gouvernement travailliste de Kevin Rudd lorsque des photos des activités de la flotte de recherche japonaise prises par les douanes australiennes en Antarctique ont été rendues publiques sensationnellement par le ministre de l'Environnement, Peter Garrett au mois de février. On est cependant en droit de se demander quels sont les critères australiens pour s'opposer à la chasse à la baleine.

Le mois dernier, le même gouvernement a annoncé un plan prévoyant l'abattage de 400 kangourous d'une ancienne base militaire près de Canberra, la raison étant que les kangourous sont trop nombreux dans cette zone et y menacent la flore et la faune. Cette fois-ci, Peter Garrett s'est retrouvé dans le siège des accusés du fait de la pression d'organisations de défense des animaux demandant que les kangourous ne soient pas tués mais déplacés vers une autre zone. Résultat, le plan a été suspendu. Jack Waterford, journaliste au Canberra Times, parle de fiasco tant au niveau administratif qu'écologique.

Le sujet a également intéressé les médias japonais, en particulier du fait des récentes déclarations du gouvernement australien quant à la chasse à la baleine. Le Yomiuri souligne ainsi que les opposants au plan d'abattage des kangourous, parmi lesquels figurent entre autres l'ex-Beattles Paul McCartney, ont critiqué l'Australie pour ses critères doubles, déclarant que ce pays "n'avait aucun droit de critiquer le Japon pour sa chasse à la baleine tout en abattant des kangourous".

Désormais c'est au tour de l'Institut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) de critiquer l'Australie, cette fois pour sa gestion de la chasse au dugong dans le nord-ouest de ce pays. Le dugong (Dugong dugon) est un mammifère marin de l'ordre des siréniens (Sirenia) auquel appartiennent aussi les lamentins. Cet animal est classé "vulnérable" sur la Liste Rouge de l'IUCN, notamment du fait de la dégradation de son habitat et de collisions avec des bateaux.

Un porte-parole de l'ICR, Glenn Inwood a dénoncé "l'hypocrisie de l'Australie en autorisant la capture de dugongs par des chasseurs aborigènes, tout en rejetant l'utilisation durable des baleines". Il a également rappelé que "le Japon soutenait le principe international d'utilisation durable" des ressources. Peter Garrett a répondu qu'il n'y avait aucune analogie entre la chasse à la baleine japonaise et la chasse au dugong, précisant que "le gouvernement australien était activement engagé dans des programmes de protection des dugongs".

On peut déduire de la déclaration de Peter Garrett que l'Australie reconnaît que l'on peut protéger une espèce animale tout en autorisant sa capture. Il est toutefois difficile de comprendre pourquoi les baleines sont mises à l'écart de ce principe.

Mise à jour (3 avril 2008) :
Le quotidien The Australian fait part de nouvelles estimations du nombre de rorquals de Minke (Balaenoptera bonaerensis) vivant dans l'hémisphère sud. Les chiffres qui devraient être discutés par le comité scientifique de la CBI seraient de 200.000 à 680.000 rorquals de Minke. Cela constitue une revue à la baisse des estimations adoptés par la CBI en 1990 qui étaient de 510.000 à 1.140.000 individus de cette espèce. Ces chiffres ne représentent pas forcément un déclin des populations de rorquals de Minke, les missions d'observation précédentes ayant probablement surévalué le nombre d'animaux se trouvant dans les zones de banquise (pack ice) inaccessibles aux navires. Tout ceci sera probablement confirmé durant la prochaine réunion de la Commission baleinière internationale qui doit se tenir à Santiago du Chili du 23 au 27 juin de cette année.

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