mardi, juillet 29, 2008

L'histoire de la chasse à la baleine au Japon - 9

Je vous propose de poursuivre le récit de l'histoire de la chasse à la baleine au Japon en abordant cette fois-ci la chasse au petits cétacés. C'est en effet à partir de la période moderne que la chasse baleinière japonaise se divise en trois catégories : la chasse pélagique (bosen-shiki en.yô hogei 母船式遠洋捕鯨), la chasse côtière au grands cétacés (ôgata engan hogei 大型沿岸捕鯨) et la chasse côtière aux petits cétacés (kogata engan hogei 小型沿岸捕鯨).

Le début du XXe siècle va aussi voir la modernisation de la chasse côtière au petits cétacés (CCPC). Celle-ci tire ses origines de la tradition qu’avaient les membres des kujiragumi de capturer des espèces de petits cétacés en dehors des saisons de chasse. Ainsi, à Taiji, il était de coutume de chasser les globicéphales qui s’approchaient de la côte, à bord de petites embarcations appelées tento-sen 天渡舟. Cette pratique a joué un rôle particulièrement important pour cette communauté à la fin du XIXe siècle, alors que la chasse aux grandes baleines était dans l’impasse.

En 1904, Maeda Kenzô 前田兼蔵, qui est originaire de Taiji et revient des Etats-Unis, modernise cette chasse aux globicéphales en mettant au point un canon qui permet de tirer trois (plus tard, cinq) harpons simultanément et qu’il fixe à la proue d’un tento-sen. Plus tard, en 1912, ces embarcations seront agrandies et motorisées, rendant la chasse plus efficace. Cependant, la véritable révolution vient de l’idée d’un chasseur de Taiji en 1933, d’équiper un bateau, le Yûkô-maru, avec un canon de type Maeda et un canon lance-harpons norvégien de 26 millimètres. Son objectif : chasser pour la première fois des rorquals de Minke au large d’Ayukawa. Pour ce faire, il utilise d’abord le canon Maeda pour assurer la capture du cétacé, puis l’achève à l’aide du canon norvégien.

Le dépeçage se faisant en empruntant une partie des stations baleinières d’Ayukawa, les succès du Yûkô-maru vont inspirer d’autres chasseurs et de petits navires de 15 à 20 tonnes équipés de canon lance-harpons de 40 millimètres vont faire leur apparition dans les années qui suivent. Ces derniers étant utilisés principalement pour la chasse aux rorquals de Minke, on leur donne le nom de minku-sen ミンク船.

Dans la péninsule de Bôsô, où les pêcheurs avaient coutume de se réunir pour chasser au harpon les baleines à bec de Baird depuis le XVIIe siècle, cette activité va être reprise et modernisée par les compagnies baleinières qui s’y installent au début du XXe siècle. Profitant de la tradition et des coutumes baleinières de cette région, ces compagnies n’auront aucun mal à engager une main d’œuvre qualifiée, notamment pour le dépeçage, et à tirer profit du marché local pour les produits de la chasse. Plus tard, les minku-sen seront aussi employés pour capturer les baleines à bec de Baird.

Contrairement aux deux autres types de chasse à la baleine, la chasse côtière aux petits cétacés ne subira que très peu l’influence des combats de la Guerre du Pacifique du fait que les petits navires utilisés n’ont quasiment aucun intérêt militaire. De ce fait, cette activité attirera beaucoup de convoitises et le nombre de petits baleiniers augmentera durant les années de guerre.

A suivre...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Un petit mot pour vous remercier pour votre blog, qui au delà de polémiques , montre cette pêche avant tout comme une pratique culturelle ancestrale. Et il est très difficile de trouver ces informations en français. très intéressant.

isanatori a dit…

Bonjour Fred,

C'est moi qui vous remercie pour vos louanges. Ce blog a en effet pour objectif d'apporter un eclairage sur les aspects socioculturels de la chasse a la baleine au Japon.

Je tiens egalement a presenter le debat politique et scientifique qui entoure la CBI et la chasse a la baleine aujourd'hui.