samedi, juin 27, 2009

61e réunion de la Commission baleinière international - rapport

La Commission baleinière internationale, l'organisation chargée de gérer la chasse à la baleine dans les océans du monde, s'est réunie du 22 au 25 juin 2009 sur l'île portugaise de Madeira. La réunion plénière devait originellement durer jusqu'au vendredi 26 juin, mais les pays membres n'ayant pu s'accorder sur le moindre sujet de discussion, il a été décidé de mettre un terme aux débats un jour à l'avance. Ayant, cette année encore, suivi les débats en direct sur internet, je vous propose de faire le point sur les événements de cette 61e réunion.

La première journée a vu le rapport du Comité scientifique de la CBI. Parmi les divers sujets qu'il aborde, il y en a un qui est particulièrement d'intérêt. Il s'agit des travaux sur l'évaluation des populations de rorqual de Minke antarctique (Balaenoptera bonaerensis). En effet, comme je l'avait expliqué lors d'un autre article, le comité scientifique cherche depuis plusieurs années à expliquer la différence entre les données de la troisième croisière circumpolaire (CPIII) et celles des deux croisières précédentes (CPI&II) du programme de recherche IDCR/SOWER.

Deux travaux ont été présentés au Comité scientifique, l'un par une équipe de chercheurs japonais (Okamura, Kitakado), l'autre par des scientifiques australiens (Bravington, Hedley), utilisant chacun une méthodologie différente. Ainsi, le rapport japonais donne respectivement pour CPII et CPIII des estimations de 1.287.000 et 688.000 animaux, contre 747.000 et 461.000 baleines dans le cas du document australien. Ces deux travaux apportant des résultats assez différents, le Comité scientifique a décidé de continuer d'analyser les facteurs pouvant expliquer l'écart des résultats des deux méthodes. Il faudra donc attendre au moins jusqu'à la 62e réunion de la CBI pour obtenir une nouvelle estimation du nombre de rorqual de Minke antarctique.

Comme je l'ai évoqué précédemment, la Commission baleinière internationale, qui compte désormais 85 pays membres, a engagé depuis 2 ans un processus de dialogue sous l'impulsion de son président, l'Américain William Hogarth, devant lui permettre de sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve de puis près de vingt ans. A cet égard, un petit groupe de travail (SWG) composé d'une trentaine de nations, avait été créé à l'occasion de la réunion plénière de l'an dernier (Santiago du Chili). Ce groupe de travail, dirigé par le diplomate Alvaro de Soto, devait proposer un package de mesures acceptables à l'ensemble des parties.

Malheureusement, dans un rapport rendu au mois de mai, le SWG expliquait qu'aucun consensus n'avait pu être trouvé sur les questions les plus controversées au sein de la CBI et conseillait de prolonger le processus d'un an. L'un des sujets abordés lors de la deuxième journée de la 61e réunion plénière a donc été un texte proposant de poursuivre le travail du petit groupe de travail jusqu'à la prochaine réunion de la CBI. Il suggère notamment de réduire la taille de ce groupe de travail pour favoriser la communication. Toutefois, il est à mon avis fort peu probable qu'une solution soit trouvée d'ici l'an prochain tant l'opposition entre les deux parties, pro et anti-chasse, est forte.

La question de la chasse aborigène de subsistance a également été discutée lors de la deuxième journée. Le point central des débats était notamment la demande du Danemark d'un quota de dix baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) pour les populations du Groenland occidental. C'est en fait la troisième année consécutive que cette demande est faite par le Danemark. L'année dernière, elle avait été rejeté après vote, malgré le fait que le Comité scientifique avait donné un avis favorable. L'opposition venait principalement des pays de l'UE qui sont la cible de pressions d'ONG anti-baleinières comme la WDCS (j'ai d'ailleurs été très étonné de voir un article très partial dans Les Echos, récemment).

Malgré une présentation détaillée faite pendant la réunion par une représentante du Groenland sur les besoins et la consommation de viande de baleine dans ce territoire autonome, les discussions sur ce quota ont d'abord été repoussées au quatrième jour puis à une future réunion intersessionnelle. Ce qui semble poser problème, c'est l'évaluation des besoins nutritionnels des Groenlandais et le calcul de la quantité de produits comestibles pouvant être tirés d'une baleine. Certaines ONG semble ne pas apprécier que de la viande de baleine soit vendue dans des supermarchés dans cette île. Il n'empêche que le Comité scientifique continue de donner un avis favorable sur ce quota. C'est tout ce qui devrait compter, à mon avis.

Lors de la troisième journée, ont été présentés le rapport d'une réunion d'experts chargé d'évaluer l'avancement du programme de recherche japonais sur les cétacés dans le Pacifique Nord-ouest (JARPN2) ainsi que les discussions dont il a fait l'objet lors de la réunion du Comité scientifique. Cette revue du programme JARPN2 a été conduite selon les nouvelles lignes adoptées par la CBI, mais il ne s'agit aucunement de déterminer si le programme est justifié ou non. Il s'agit surtout d'évaluer la méthodologie et de faire des recommandations. Le Japon s'est déclaré plutôt satisfait par ce rapport, même si les détracteurs de la chasse dite scientifique préféreront les aspects négatifs de la revue.

Divers sujet ont abordés lors du jour 4, notamment l'annonce des nouveaux président et vice-président de la CBI : le Chilien Cristian Maquieira et Anthony Liverpool de Antigua et Barbuda. De même, la prochaine et 62e réunion plénière de la Commission baleinière internationale se tiendra à Agadir (Maroc) dans un an. L'avenir de cette organisation reste cependant très incertain. William Hogarth avait demandé aux pays membres d'éviter de recourir au vote et d'essayer de faire adopter les propositions par consensus. Résultat, aucun vote n'a eu lieu lors de cette 61e réunion, mais à part la décision de prolonger le mandat du SWG, aucune proposition n'a été adoptée. Il y a certes un dialogue, mais on sent bien que les divisions demeurent sur les sujet les plus importants.

(Crédit photo : e-kujira portal site)

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Si j'ai bien tout compris... La C.B.I. se transforme en"G20" : beaucoup de blabla, et rien de plus... Ni engagement, ni répression... Que Dalle ! Alors, puisque c'est du vent, bon large !

hourra ! a dit…

La CBI n'est qu'une société qui défend les intérêts des pécheurs de baleines. Il est temps d'arrêter le massacre !!

isanatori a dit…

La Commission baleiniere internationale est l'organisme international charge de reglementer et gerer la chasse a la baleine.

Ils comptent plus de 80 pays membres dont un grand nombre est oppose a la chasse a la baleine.

Merci de vous renseigner un peu plus avant de poster des commentaires.

Anonyme a dit…

Qu'on soit en accord ou non avec vous, cela reste très interessant d'avoir un point de vue argumenté et construit sur un sujet où les réactions sont le plus souvent épidermiques, pour ne pas dire infantiles.
Et c'est d'autant plus intéressant qu'il s'agit de l'avis d'un partisan de la chasse à la baleine, avis qu'on entend très peu.
Merci d'aider ceux qui n'ont pas le temps ou l'envie de remuer des hectares d'archives à se faire une petite idée sur la question.

Et bon courage: m'est avis que vous allez vous faire un tas d'amis.

isanatori a dit…

Cher anonyme,

Merci pour votre commentaire. Vous êtes le/la bienvenu(e) si vous qvez des questions ou commentaires.

Autrement, ne vous inquiétez pas, j'ai bien conscience que ce sujet provoque des réactions émotionnelles assez vives chez certains.

Ghost a dit…

Je trouve qu'il faudrait passer moins de temps à parler et plus de temps à agir! Combien de cétacés devrons encore mourir pour que d'autres vivent. Je ne comprend pas pourquoi on laisse des pays qui n'ont aucun besoin des produit des baleines continuer le massacre.

Combien de pauvres cétacés devrons encore mourir pour que les autres survivent?