Je me suis récemment rendu dans le port de Kayoi situé sur l'île d'Omijima, dans la ville de Nagato (département de Yamaguchi). Là se trouvent divers vestiges, à la fois tangibles et intangibles, de la chasse à la baleine qui était pratiquée à Kayoi jusqu'à la fin du 19e siècle. J'ai d'ailleurs évoqué les chants baleiniers transmis aux élèves de l'école primaire locale dans un précédent article. Intéressons-nous d'abord à l'histoire de la chasse à la baleine à Kayoi.
Bien avant que la chasse à la baleine ne s'organise, les villages de la région de Kitaura, au nord de la province de Nagato, se disputaient déjà les bénéfices des baleines échouées sur la côte. C'est en 1616 que la chasse à la baleine pratiquée à l'aide de harpons aurait commencé dans la baie de Setozaki (aujourd'hui Senzaki, ville de Nagato). Les bénéfices de cette chasse aurait été taxés par les autorités du fief de Nagato à hauteur de 10% selon un document de 1657. Ce type de chasse a duré jusqu'en 1671, soit 55 ans, avant d'évoluer vers une forme de chasse baleinière utilisant à la fois harpons et filets.Cette nouvelle technique sera d'abord pratiquée à Setozaki et Kayoi, profitant des particularités géographiques de l'île d'Omijima, à l'aide de filets en cordes de paille. Cependant, ces derniers étant souvent déchirés par les baleines, ils seront remplacés en 1677 par des filets en cordes de chanvre avec le soutien du fief de Nagato. Notons que cette innovation technologique semble s'être faite indépendamment de l'introduction de filets dans la chasse à la baleine à Taiji à la même période.
Cette forme de chasse à la baleine va petit à petit s'étendre à d'autres villages de la région de Kitaura tels que Kawajiri à l'Ouest d'Omijima. Cependant, les kujiragumi vont connaître de plus en plus de difficultés à partir du milieu du 19e siècle, probablement du fait des opérations de nombreux baleiniers occidentaux au large des côtes du Japon à cette époque. Le kujiragumi de Kayoi se voit ainsi forcé d'emprunter de l'argent au fief de Nagato dans les années 1860 pour maintenir ses activités. Bien que ce dernier ait souvent apporté son soutien au kujiragumi de Kayoi, il ne pourra fournir qu'un tiers de l'argent demandé en 1867 du fait de son engagement contre le shogounat pour restituer le pouvoir de l'empereur. Les kujiragumi de la région mettront progressivement un terme à leurs activités dans les années 1890.
L'un des aspects les plus intéressants de la chasse à la baleine au Japon est sa dimension spirituelle, et ceci est particulièrement flagrant à Kayoi. L'influence du bouddhisme, notamment celui de la secte Jôdô-shû y est importante. Le bouddhisme interdit de tuer des animaux, mais reconnaît toutefois la nécessité de se nourrir de la chair de poissons (et de baleines) pour survivre. Pour absoudre ce péché, les gens de Kayoi ont donc commencé à organiser des rituels et à ériger des monuments pour le repos des âmes des baleines et des poissons. C'est ainsi qu'en 1679, le prêtre du temple Kôganji, San.yo Shônin V décide de se retirer de ses fonctions et de s'isoler dans un ermitage appelé Seigetsu-an où il s'adonne à des prières pour le repos des âmes des baleines capturées.Plus tard, en 1692, il demandera aux dirigeants du kujiragumi d'ériger une tombe en granite, kujira-baka, où seront enterrés les foetus retrouvés dans le ventre de baleines capturées par les gens de Kayoi. Sur la tombe, on peut lire les inscriptions "南無阿弥陀仏 (Namu Amida-butsu)" en prière au Bouddha, et "業尽有情 雖放不生 故宿人天 同証仏果 (Gô-tsukishi ujô hanatsu to iedomo shôsezu, yueni ninten ni yadoshite onajiku butsuka wo shôseshimen)". Cette dernière exprime le regrets des pêcheurs : "Vos vies de baleines se sont terminées en même temps que celles de vos mères par notre faute, mais il n'était pas dans notre but de capturer des foetus. Nous aimerions vous laisser retourner à la mer, mais il vous y serait impossible de survivre seuls. Nous prions pour que vous puissiez, pauvres enfants, obtenir la charité de Bouddha en compagnie des hommes selon nos coutumes, renoncer à la vanité de toutes choses et atteindre l'éveil." La tombe est orientée vers la mer, en direction de l'Ouest, pour permettre aux baleines qui y sont enterrées de contempler l'endroit où elles auraient dû naître et grandir.
Il existe également une tablette funéraire, kujira-ihai 鯨位牌 où figurent les mêmes inscriptions que sur la tombe, et un registre funéraire en quatre volumes dit keigei-kakochô 鯨鯢過去帖 dédié aux baleines où sont inscrits leurs noms posthumes (kaimyô 戒名), la date de leur capture, l'espèce, le nom des pêcheurs. La pratique consistant à donner des noms posthumes était généralement réservée aux hommes. Il s'agit donc là d'un cas rare, si ce n'est unique pour la période d'Edo. Parmi les noms donnés aux baleines, on trouve entre autres "鯨誉大音" ou "正誉鯨覚", le caractère "鯨" signifiant "baleine". Le caractère "誉" est considéré comme le plus digne dans les pratiques de la secte Jôdô-shû. Ceci témoigne du fort sentiment, à la fois de péché et de respect, que les gens de Kayoi ont pour les baleines.
Ces reliques sont conservées au temple Kôganji, situé non loin de la tombe des baleines. Là, un office funéraire dit kujira-ekô 鯨回向 est donné tous les ans pour le repos des âmes des baleines. J'ai pu y assister cette année. La cérémonie a été précédée par des allocutions du prêtre du temple et du maire de la ville de Nagato qui a notamment évoqué les récents incidents en Antarctique et rappelé la nécessité de défendre la culture baleinière du Japon. Les membres de l'Association de préservation des chants baleiniers de Kayoi ont ensuite entonné deux de ces chants, avant que les prières ne commencent. Dans l'enceinte du temple se trouve une statuette de Bodhisattva dite Geigei-gyorin gunrei-jizô 鯨鯢魚鱗群霊地蔵. Elle a été érigée en 1863 par le 13e chef du clan Hayakawa parce que les gens de Kayoi pensaient que la diminution du nombre de baleines s'approchant des côtes était de leur faute.
Plus tard, j'ai eu la chance d'assister à une représentation donnée par l'Association de préservation des chants baleiniers de Kayoi dans la demeure Hayakawa. Cette maison est celle où vivaient les dirigeants (amigashira 網頭) du kujiragumi et enregistrée au patrimoine culturel national japonais en 1974 Les chants eux-mêmes (voir vidéo ci-dessous) sont désignés patrimoine culturel de la ville de Nagato. Notez que ces chants ne sont pas entonnés en tapant des mains, comme il est généralement de coutume pour les chants de célébrations, mais en les frottant, par respect pour les baleines.
On trouve également à Kayoi un petit musée de la chasse à la baleine où sont exposés entre autres 140 harpons et autres outils de chasse utilisés autrefois par les gens du kujiragumi local et désignés comme patrimoine culturel national. Bien qu'il ne parle que japonais, le directeur du musée, M. Fujii fait preuve de beaucoup de passion dans ses explications de la culture baleinière de Kayoi. Je tiens d'ailleurs à le remercier pour sa gentillesse puisqu'il m'a montré tous les lieux relatifs à la baleine dans ce petit port. Bien que la chasse à la baleine ne soit plus pratiquée à Kayoi, tous ces vestiges de cette pratique ancienne me semble former un patrimoine culturel et spirituel important. Tout comme l'indique Kumi Katô dans un article publié dans le International Journal of Cultural Property, l'éthique et la spiritualité en tant que patrimoine culturel intangible peuvent jouer un rôle important dans le débat sur l'utilisation durable des ressources naturelles...lire la suite>>
vendredi, mai 02, 2008
Patrimoine spirituel baleinier de Kayoi
Libellés : cultures locales, histoire, kujiragumi, vidéo
mardi, avril 22, 2008
La Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine - 2
Je vous propose de poursuivre notre examen de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine, texte fondateur de la Commission baleinière internationale (CBI). Je vous propose cette fois une traduction des articles 3 et 4 qui définissent la CBI et ses fonctions.Article 3
1. Les Gouvernements contractants s’engagent à établir une Commission baleinière internationale, ci-après désignée sous le nom de Commission, qui sera composée d’un membre représentant chaque Gouvernement contractant. Chaque membre disposera d’une voix et pourra être accompagné d’un ou de plusieurs experts et conseillers.
2. La Commission élira parmi ses membres un Président et un Vice-président, et fixera son propre réglement intérieur. Les décisions de la Commission seront prises à la majorité simple des membres votants ; toutefois, une majorité des trois quarts sera requise avant qu’une décision puisse être adoptée en vertu de l’article 5. Le règlement intérieur pourra prévoir que des décisions soient prises autrement qu’à des réunions de la Commission.
3. La Commission pourra nommer son propre Secrétaire et son personnel.
4. La Commission pourra constituer parmi ses propres membres, experts et conseillers, tous comités qu’elle jugera utile de créer pour remplir telles fonctions qu’elle pourra autoriser.
5. Les frais de chaque membre de la Commission et des experts et conseillers qui lui sont adjoints seront fixés et payés par son propre Gouvernement.
6. Reconnaissant que des institutions spécialisées reliées aux Nations Unies seront concernées par la conservation et le développement de la chasse à la baleine et des sous-produits qui en résultent, et désirant éviter des duplications de fonctions, les Gouvernements contractants conviennent de procéder à un échange de vues, dans les deux ans qui suivront l’entrée en vigueur de la présente Convention, afin de décider si la Commission doit rentrer dans le cadre d’une institution reliées aux Nations Unies.
7. Dans l’intervalle, le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord prendra des dispositions, après avoir consulté les autres Gouvernements contractants, pour convoquer la première session de la Convention, et provoquera l’échange de vues visé au paragraphe 6 ci-dessus.
8. Les sessions subséquentes de la Commission seront convoquées au gré de cette dernière.
Article 4
1. La Commission pourra, soit en collaboration avec des organismes indépendants des Gouvernements contractants ou avec d’autres organismes, établissements ou organisations publics ou privés, ou par leur intermédiaire, soit indépendamment ; (a) Encourager, recommander ou, s’il y a lieu, organiser des études et des enquêtes relatives aux baleines et à la chasse à la baleine ; (b) Recueillir et analyser les renseignements statistiques concernant la situation et la tendance courantes des populations de baleines, ainsi que les effets produits sur celles-ci par les activités relatives à sa chasse ; (c) Etudier, évaluer et disséminer des informations concernant les méthodes propres à maintenir et à accroître les populations de baleines.
2. La Commission prendra les dispositions nécessaires pour la publication de rapports sur ses travaux, et pourra publier, indépendamment ou en collaboration avec le Bureau international des statistiques baleinières à Sandefjord, en Norvège, et avec d’autres organisations ou agences, tous rapports qu’elle jugera appropriés, ainsi que tous renseignements statistiques et scientifiques, et toutes autres informations pertinentes relatifs aux baleines et à la chasse baleinière.
Notons tout d'abord que l'article 3 ne précise aucunement la nécessité pour les pays membres de pratiquer la chasse à la baleine pour participer aux travaux de la Commission baleinière internationale. La majorité des membres de la CBI étaient des pays baleiniers dans les premières années, mais petit à petit des nations ne pratiquant pas la chasse à la baleine rejoindront cette organisation, avec un pic notable en 1978 et 1982, juste avant l'adoption du moratoire sur la chasse dite commerciale.
Comme expliqué au paragraphe 4 de l'article 3, la CBI peut créer des comités. On en compte trois, le Comité scientifique, le Comité technique et le Comité administratif et financier. Il y a également plusieurs sous-comités placés sous la tutelle de l'un des trois comités. Le Comité scientifique est probablement le plus important, comptant près de 200 membres qui sont soit nommés par les pays membres ou invités. Le Comité scientifique est notamment chargé d'analyser les données et l'état des populations de baleines, et de conseiller la CBI quant aux décisions relatives à la réglementation de la chasse à la baleine.
La CBI publie régulièrement deux rapports : le Rapport annuel de la CBI (The Annual Reports of the IWC) et le Journal de la recherche et la gestion des cétacés (The Journal of Cetacean Research and Management), tous deux en anglais, langue officielle de la Commission. Le second regroupe des articles prtésentés au Comité scientifique.
La prochaine fois, je présenterai l'article 5 qui définit les règles concernant les décisions sur la gestion de la chasse.
A suivre.....lire la suite>>
jeudi, avril 17, 2008
Retour du Nisshin-maru au Japon - premiers résultats
Le Nisshin-maru, navire-usine de la flotte japonaise ayant participé à un programme de recherche sur les cétacés en Antarctique est rentré au port de Tokyo mardi 15 avril dernier, après cinq mois passé en mer. Le navire devait originalement se rendre au port de Kagoshima, mais des attaques subies par le Nisshin-maru et deux autres bateaux japonais qui ont causé les blessures de 4 membres d'équipage ont modifié les plans pour permettre aux gardes-côtes et à la police de mener une enquête sur ces événements.
L'Institut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) qui est chargé par le gouvernement japonais de conduire ces programmes scientifiques, a présenté un premier bilan de l'expédition dans lequel il annonce que seuls 551 rorquals de Minke antarctiques (balaenoptera bonaerensis) ont pu être prélevés sur le quota prévu de 850 rorquals de Minke (+/-10%) et 50 rorquals communs, notamment du fait de l'obstruction de deux ONG anti-baleinières en haute mer. Ce rapport présente également les premiers résultats de ce programmes de recherche. En voici quelques uns.
Fig.1 Zone de recherche JARPA2 2007/2008
(rouge)limite nord-sud, (bleu)banquise
- Le nombre de rorquals de Minke antarctiques observés cette année (926 groupes, soient 1.961 individus) est environ inférieur de moitié à celui du nombre d'observations faites il y a deux ans dans la même zone (1.848 groupes, soient 4.917 individus). Cette différence ne seraient pas due à une diminution du nombre de rorquals de Minke, mais au fait que les baleines à bosse auraient été plus nombreuses (1.433 groupes, soient 2.753 animaux) dans la zone de recherche et à la constitution de la banquise (pack ice) au sud de cette même zone. Cette année, les polynies (zones ouvertes au milieu de la banquise), inaccessibles aux navires, auraient en effet été nombreuses dans la baie Prydz où les rorquals de Minke se regroupent généralement.
- Le programme de recherche japonais a également permis de mettre en avant la relation entre la banquise et la répartition des rorquals de Minke antarctiques, les femelles matures se trouvant plutôt à l'intérieur des polynies alors que les immatures et les mâles se concentrent en bordure de banquise.
Fig.2 Répartition des observations de rorquals de Minke antarctiques
- Les baleines à bosse (megaptera novaeangliae) ont été les baleines les plus observées (1.433 groupes, soient 2.753 animaux), et ce dans l'ensemble de la zone de recherche, continuant d'appuyer l'hypothèse selon laquelle les populations de cette espèce sont en augmentation. Le programme de recherche JARPA2 a pour objectif de mettre au jour les facteurs concernant les changements de répartition et d'interactions entre espèces pour l'alimentation (krill) des rorquals de Minke antarctiques et des baleines à bosse.
Fig.3 Répartition des observations de baleines à bosse
- Le nombre de rorquals communs (60 groupes, soient 172 individus) observés cette année a été très inférieur au nombre d'observations d'il y a deux ans dans la même zone (224 groupes, 936 animaux). Le fait que les navires d'observation (Kyôshin-maru No.2 et Kaikô-maru) aient observé un grand nombre de rorquals communs au nord de 60° Sud laisse penser que cette espèce s'est concentré plus au nord cette année. Le peu d'animaux croisés dans la zone de recherche et les obstructions de deux ONG anti-baleinières ont empêché la capture de 5O individus.
- Le programme JARPA2 comprend également des moyens de recherche dits non létaux (observation, photographie et prélèvement par biopsie), notamment pour les espèces rares comme la baleine bleue ou la baleine franche australe. Le nombre d'individus de ces deux espèces observés dans la zone de recherche est plus important que les années précedentes. (Baleine bleue : 49 groupes, 92 animaux. Baleine franche australe : 75 groupes, 101 animaux)
Fig.4 Répartition des observations de baleines bleues (■), rorquals communs (▲), baleines franches australes (●) et des cachalots (▼)
L'ICR a également fait un rapport concernant les attaques et obstructions dont les navires de la flotte de recherche ont fait l'objet. Il précise entre autres que les deux ONG anti-baleinières ont eu connaissance de la position du Nisshin-maru car ce dernier navire s'est vu demander par le Centre australien de coordination (RCC Australia) des secours de participer à la recherche d'un navire de pêche naufragé le 7 janvier 2008, et donc de communiquer ses coordonnées.
(Source figures : ICR)..lire la suite>>
dimanche, avril 13, 2008
Pourquoi le Japon tient-il tant à la chasse à la baleine ?
Le site Kujira portal site a ouvert en décembre une tribune intitulée "geiron-tôron" où divers personnes engagées dans le débat baleinier peuvent apporter leur point de vue sur ce sujet. Les interventions n'étant qu'en japonais, j'ai pensé que proposer une traduction en français de ces points de vue sur ce blog pourrait permettre à mes lecteurs de mieux comprendre la position du Japon. Voici donc la première intervention. Il s'agit de celle de Morishita Jôji, négociateur à l'Agence japonaise pour les pêches et commissaire délégué du Japon à la Commission baleinière internationale (CBI).↓↓
Pourquoi le Japon tient-il tant à la chasse à la baleine ?
Morishita Jôji (négociateur, Agence pour les pêches), 20 décembre 2007Je voudrais profiter de ma première intervention dans cette colonne pour résumer à ma manière, les différents points de vue quant à la raison pour laquelle le Japon s’obstine à chercher à obtenir la reprise de la chasse à la baleine, et ce malgré les critiques à travers le monde. Il s’agit d’une question qui a été posée à diverses occasions et dont la reponse a été variée. Ceux qui sont favorable à la chasse à la baleine soutiennent la gestion des ressources sur la base de données scientifiques, et disent également qu’il s’agit de la culture du Japon. Ceux qui s’y opposent considèrent que l’influence politique de l’industrie baleinière est forte, qu’il s’agit de la chasse gardée d’une partie des bureaucrates de l’Etat japonais, ou bien encore que la chasse à la baleine est devenue un symbole du nationalisme nippon. Des articles de journaux australiens ont même appelé à mieux convaincre la population japonaise car cette dernière ne comprendrait pas bien l’anglais et ne saisirait pas l’opinion du reste du monde.
La réponse à la question de savoir pourquoi le Japon cherche à tout prix à obtenir la reprise de la chasse à la baleine, varie probablement beaucoup en fonction que l’on considère qu’il s’agit-là des Japonais en général, d’une partie de la population, des médias japonais ou bien encore de l’Etat japonais, mais ici, je tiens avant tout à exprimer mon opinion personnelle.
Avant toute chose, il me semble nécessaire de préciser que nous ne cherchons en aucun cas à obtenir la reprise d’une chasse incontrôlée et amenant à la surexploitation, ni même à la capture d’espèces de cétacés qui sont menacées de disparition. Nous désirons exploiter les espèces dont les populations sont abondantes, ce de façon durable (c’est-à-dire de la même manière que l’on utilise les intérêts d’un compte d’épargne sans réduire le capital d’origine) et en respectant les régulations internationales. A l’opposé, certains présentent la chasse à la baleine comme forcément mauvaise, destructrice et impossible à réguler. Je discuterai en détail de ce point de vue lors d’une prochaine intervention.
Pour résumer, voici les raisons pour lesquelles nous tenons à la question de la chasse à la baleine.
(1) La chasse à la baleine, symbole du principe d’utilisation durable
L’utilisation durable, qui a pour objectif de base de permettre à la fois l’exploitation continue et la conservation des ressources naturelles vivantes, est un principe universellement accepté. Il a été établi lors de la Conférence de Rio (Sommet sur l’environnement) en 1992 et défini dans la « Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement » et « l’Agenda 21 ». Autrement dit, il est désormais globalement reconnu qu’en ce qui concerne toutes les ressources vivantes, y compris les ressources pélagiques, des mesures de protection sont prises pour celles qui sont en mauvaise état, et qu’il est permis d’exploiter de manière durable celles qui sont abondantes.
Toutefois, certains pensent que les animaux charismatiques (ceux qui jouissent d’une forte popularité tels que les baleines et les éléphants) doivent être protégés et donc ne pas être touchés à la manière d’icônes, et ce même si leurs populations sont abondantes. Parmi les gens qui s’opposent à la chasse à la baleine, nombreux sont ceux qui simplement, pensent à tord que toutes les espèces de cétacés sont menacées d’extinction et que les pays baleiniers cherchent à les chasser jusqu’au dernier (et si cela devait être le cas, la chasse à la baleine devrait être justement critiquée). D’autres en revanche, pensent que les baleines sont des créatures particulières et qu’elles doivent en tous cas être protégées. En réalité, certains pays farouchement opposés à la chasse à la baleine comme l’Australie déclarent publiquement au sein de la CBI leur opposition à la chasse à la baleine en toutes circonstances (c’est-à-dire même si les populations de cétacés sont abondantes, même si une gestion durable est possible, et même si des mesures de contrôle et d’inspection sont adoptées).
Cette manière de penser pose les problèmes de savoir sur la base de quels critères sont définis ces « animaux spéciaux » ; de savoir si des « nations majeures » peuvent imposer leurs animaux spéciaux aux autres Etats ; et de savoir s’il y a un moyen de freiner l’augmentation progressive de ces « animaux spéciaux ». Si l’Inde devait déclarer aux Nations-Unies que la vache est un animal sacré ne devant pas être mangé, et devait imposer cette perception aux autres pays par le biais de sanctions économiques, le problème serait flagrant à tout un chacun. C’est pourtant exactement ce qui se passe avec les baleines et cela est présenté comme étant l’« opinion internationale ».
Certains considèrent également que les baleines devraient être protégées parce qu’il s’agit d’animaux sauvages, mais c’est également le cas de nombreuses espèces de poissons faisant l’objet de la pêche, et en outre, une part importante de la population mondiale chasse et utilise des espèces animales sauvages terrestres. A ce propos, l’Australie tue annuellement plusieurs millions (et non pas quelques centaines) de kangourous qui sont ensuite vendus pour l’alimentation humaine ou animale (aliments pour chiens).
Soutenir une chasse à la baleine durable revient à soutenir le principe d’utilisation durable, à ne pas créer d’exception arbitraire à ce dernier, à ne pas accepter les caprices d’une partie des « pays majeurs » (ce que l’on appelle l’éco-impérialisme), et à respecter la science et le droit international, et non les discours émotionels sur le charisme de certains animaux lors de discussions internationales. Vu ainsi, n’est-il pas normal de soutenir la chasse à la baleine ?
(2) Les déclarations déraisonnées des opposants à la chasse baleinière
Nombreux sont les gens qui considèrent comme déraisonnées les déclarations des opposants à la chasse à la baleine. Les partisans de l’utilisation durable dont fait partie le Japon ne s’opposent pas à ce que les pays anti-chasse protègent complètement les baleines dans leurs eaux territoriales ou interdisent la chasse à leurs ressortissants, et reconnaissent même les vertus du tourisme baleinier.
Ils demandent seulement que l’on reconnaisse aux pays baleiniers d’exploiter de manière durable les espèces baleinières dont les populations sont abondantes. Le camp anti-chasse, de son côté, n’accepte pas les demandes des pays baleiniers et cherche à faire reconnaître unilatéralement les siennes à toutes les autres nations. La probabilité qu’ils respectent l’opinion des autres et fassent des efforts pour trouver un compromis est extrêmement faible.
Lors de la 59e réunion plénière de la CBI qui s’est tenue cette année (2007), le Japon a fait une proposition de demande d’un quota de chasse pour ses communautés baleinières en laissant vierge l’espace pour le nombre de baleines allouées. Cette démarche avait pour but de montrer que nous étions prêts à négocier quant au nombre de baleines, et avions pour intention de proposer un quota qui logiquement ne devrait pas avoir de effet négatif sur les populations pour qui que ce soit (pour donner un exemple extrême, un quota symbolique d’une baleine était tout à fait envisageable dans les discussions) et ainsi mettre en relief la nature du problème de la chasse à la baleine. Les pays opposés à la chasse ont refusé clairement cette proposition. La principale raison était que la chasse aux petits cétacés des communautés baleinières japonaises comporte des éléments commerciaux et qu’elle se différencie ainsi de la chasse aborigène de subsistance pratiquée aux Etats-Unis et en Russie qui avait été acceptée lors de la même réunion à Anchorage. Dans l’hôtel même où la réunion de la CBI avait lieu, étaient vendus des objets d’artisanat faits de fanons et d’os de baleines du Groenland capturées par les indigènes d’Alaska à plusieurs centaines de milliers de Yen l’unité. Les pays anti-chasse considèrent toutefois que la vente de ce genre d’objets ne présente pas d’aspect commercial, alors que si la viande de baleine était vendue aux habitants ou sur les marchés des communautés baleinières nipponnes, il considérerait ceci comme une activité commerciale ne pouvant être autorisée. Le fait que la commercialité soit à ce point culpabilisée est en soit un problème, mais la définition de « l’aspect commercial » (les objets artisanaux sont acceptables, mais pas la viande) telle que décrite par les pays anti-baleiniers ne peut être justifiée d’aucun point de vue. Est-ce alors réagir de façon éxagérée que de suspecter qu’il y a un principe de base selon lequel aucune chasse à la baleine ne sera permise au Japon quoiqu’il arrive? Tout en ayant le sentiment que les demandes des pays anti-chasse sont déraisonnées, je me demande s’il est bien normal de les considérer comme étant « l’opinion internationale ». Est-il préférable d’abandonner la chasse à la baleine dans l’intérêt national que représente l’image du Japon à l’étranger ?
Lors de sondages sur la question de la chasse à la baleine réalisé dans la rue, on entend fréquemment l’opinion selon laquelle il paraît scandaleux que les pays anti-chasse disent de ne pas manger de baleine alors qu’ils se nourrissent de viande de boeuf. A cela, il est généralement opposé le fait qu’il n’y a pas de comparaison possible parce que les boeufs sont des animaux d’ élevage alors que les baleines sont des animaux sauvages, mais ne s’agit-il pas là d’une opinion qui exprime typiquement l’absurdité que les gens ressentent ou décèlent dans les débats sur la chasse à la baleine ?
(3) Le soutien des pays et des ONG qui approuvent l’utilisation durable
On entend souvent dire que le Japon est isolé au plan international sur la question de la chasse à la baleine et que seuls des pays en voie de développement qu’il a acheté grâce à ses aides, le soutiennent à la CBI (je tiens à traiter de ceci en détail lors d’une autre occasion). La chasse à la baleine durable est toutefois largement soutenue.
Tout d’abord, en plus des trente pays en voie de développement d’Afrique de l’Ouest, de l’Asie Pacifique et des Caraïbes, la Russie, la Chine, la Corée du Sud, la Norvège et l’Islande sont en faveur d’une chasse à la baleine gérée par la CBI. En particulier, les pays en voie de développement défendent ardement et fermement le principe d’utilisation, gardant à l’esprit leur dépendance aux ressources naturelles telles que celles pélagiques de leurs territoires. La Chine et la Corée du Sud ne pratiquent pas la chasse à la baleine, mais soutiennent basiquement la chasse à la baleine en accord avec le principe d’utilisation durable.
Par ailleurs, bien qu’il ait suspendu ses activités temporairement, il existe un Conseil mondial des baleiniers (WCW) qui rassemble les peuples indigènes du monde ayant une tradition baleinière. Les Peuples premiers du Canada et les Maoris de Nouvelle-Zélande y participent également en tant que membres. De même, l’IWMC (Union internationale de gestion des ressources naturelles) qui est une ONG internationale soutenant l’utilisation durable des ressources naturelles et oeuvrant sur divers sujets tels que celui des éléphants est un groupe de spécialistes de la CITES dirigée par Eugène Lapointe, ancien secrétaire général de cette convention de 1982 à 1990. Basé en Australie, le SMS (Species Management Specialists) est un groupe de spécialistes de la gestion des crocodiles et autres reptiles à la CITES dont le leader est l’ancien président du comité aux animaux de cette convention, Hank Jenkins. L’EBCD (European Bureau for Conservation and Development), une ONG qui soutient l’utilisation durable des ressources en Europe, entretient des liens étroits avec le Parlement européen et l’IUCN.
Ces groupes qui soutiennent l’utilisation durable des cétacés considèrent la chasse à la baleine comme faisant partie intégrante du vaste courant de l’utilisation durable des ressources naturelles vivantes et la soutiennent du point de vue de ce principe. Ils estiment que tout recul sur la chasse à la baleine serait un pas en arrière pour le principe d’utilisation durable lui-même. Le fait que leurs principaux sujets d’intérêt soient les éléphants, les crocodiles ou les tortues imbriquées démontrent clairement ceci. S’ils n’avaient pas conscience du fait que la chasse à la baleine a un lien étroit avec leurs sujets d’intérêt, ils n’auraient aucune raison de la soutenir. Ils considèrent que ces sujets se situent dans une opposition entre deux manières de penser que sont l’utilisation rationnelle (wise-use) et la non-utilisation (non-use). L’utilisation rationnelle est l’utilisation durable des ressources tout en assurant leur conservation, alors que la non-utilisation correspond à la pensée représentée par les groupes de protection des animaux selon laquelle il ne faut en aucun cas toucher à la nature.
Une autre particularité de ce sujet est le fait que les peuples indigènes dont le mode de vie dépend de l’utilisation des ressources naturelles et pays en voie de développement soutiennent l’exploitation des baleines. Ils sont fortement opposés à, et ont un sentiment de danger face à la limitation ou l’interdiction d’utiliser des ressources naturelles sans la moindre raison scientifique, et considèrent donc la chasse à la baleine comme symbolique. Pour illustrer ceci, on peut relever le fait que la sécurité alimentaire et le droit souverain d’utiliser leurs ressources reviennent souvent dans leurs déclarations à la CBI. Ils considèrent que le mouvement contre la chasse à la baleine est une attaque contre l’attitude / l’idée qu’un Etat indépendant mette en pratique l’utilisation durable de ses ressources et entreprenne son développement sur la base de sa souveraineté, et c’est par conséquent un important problème pour des pays en voie de développement.
La chasse à la baleine est décrite comme un problème de principe. C’est justement parce qu’il s’agit d’un problème ayant une portée importante dépassant les intérêts des parties concernées, que nous tenons à le traiter en suivant les principes de la gestion des ressources dans une perspective plus large et non pour des profits à court terme...lire la suite>>
lundi, avril 07, 2008
Chants baleiniers dans une école de Nagato
Le mois dernier s'est tenu dans une école de la ville de Nagato (département de Yamaguch) une cérémonie lors de laquelle des élèves ont entonné des chants hérités du kujiragumi qui opérait au large du petit port de Kayoi. Voici un article du Asahi Shinbun qui en traite.
Transmission des chants baleiniers à Nagato
Asahi, 14 mars 2008
Cérémonie de transfert des chants baleiniers à l'école primaire de Kayoi.
Des chants baleiniers dits “kujira-uta” entonnés pour célébrer une pêche fructueuse sont transmis dans le quartier de Kayoi (ville de Nagato) où la chasse traditionnelle à la baleine a prospéré de la période d’Edo jusqu’à l’ère Meiji. Depuis près de vingt ans, ces chants sont inclus dans les activités scolaires de l’école primaire de Kayoi de manière à permettre leur transmission. Cette année encore a eu lieu la cérémonie de transfert à l’approche de la période de la cérémonie de fin d’études, et des vestes happi et baguettes de tambour ont été remises par les élèves de 6ème année à ceux des classes inférieures.
Fort d’une histoire de 400 ans, les chants baleiniers de Kayoi ont pour particularité que l’on ne bat pas des mains, mais qu’on les frottent lorsqu’on les entonne. Ce serait pour exprimer le sentiment de reconnaissance et de deuil envers les baleines qui ont apporté de nombreuses ressources aux hommes. On trouve dans ce même quartier une tradition de respect de la vie représentée entre autres par une tombe où sont enterrés des baleineaux morts.
Les chants baleiniers de Kayoi continuent d’être transmis par une association de préservation du folklore local. A l’école primaire de Kayoi, les élèves reçoivent des instructions de membres de cette association lors des heures de cours généraux et apprennent la signification de ces chants.
Cette année, la ceremonie de transfert s’est tenue le 5 mars. Les élèves de la 3ème à la 6ème années ont chanté “asa no mezame (l’appel du matin)”, ceux de la 1ère à la 5ème années ont eux entonné le “iwae medeta (célébrations)”. “Même si nous allons désormais aller au collège, nous désirons transmettre fermement l’esprit de ces chants”, a déclaré Kazuya Ikenaga, représentant des sept élèves de 6ème année qui vont quitter l’école cette année.
*****************Fin de l'article*********************
Kayoi est l'une des régions de l'Ouest du Japon où la chasse traditionnelle a prospéré à la période d'Edo. Elle se dénote toutefois des autres par la présence d'une tombe où ont été enterrés les foetus découverts dans le ventre des baleines capturées par le kujiragumi local. En outre, un office religieux continue d'être organisé tous les ans au temple Kôganji 向岸寺 pour les baleines. Je vais prochainement avoir l'occasion de visiter ce lieu et j'en ferai donc une présentation plus exhaustive à ce moment. En attendant, je vous propose cette vidéo qui présente certains aspects culturels de Kayoi.
A noter que Senzaki, le lieu où Oka Jûrô a établi sa société baleinière Nihon En.yô Gyogyô 日本遠洋漁業, se trouve non loin de là. Il s'agit donc d'un lieu d'une importance particulière dans l'histoire de la chasse à la baleine au Japon...lire la suite>>
Libellés : cultures locales, kujiragumi, traduction, vidéo
mercredi, avril 02, 2008
L'Australie pour la chasse au dugong, mais contre celle à la baleine
L'Australie est sans aucun doute l'un des principaux opposants à la chasse à la baleine. Ceci a notamment été démontré par le gouvernement travailliste de Kevin Rudd lorsque des photos des activités de la flotte de recherche japonaise prises par les douanes australiennes en Antarctique ont été rendues publiques sensationnellement par le ministre de l'Environnement, Peter Garrett au mois de février. On est cependant en droit de se demander quels sont les critères australiens pour s'opposer à la chasse à la baleine.Le mois dernier, le même gouvernement a annoncé un plan prévoyant l'abattage de 400 kangourous d'une ancienne base militaire près de Canberra, la raison étant que les kangourous sont trop nombreux dans cette zone et y menacent la flore et la faune. Cette fois-ci, Peter Garrett s'est retrouvé dans le siège des accusés du fait de la pression d'organisations de défense des animaux demandant que les kangourous ne soient pas tués mais déplacés vers une autre zone. Résultat, le plan a été suspendu. Jack Waterford, journaliste au Canberra Times, parle de fiasco tant au niveau administratif qu'écologique.
Le sujet a également intéressé les médias japonais, en particulier du fait des récentes déclarations du gouvernement australien quant à la chasse à la baleine. Le Yomiuri souligne ainsi que les opposants au plan d'abattage des kangourous, parmi lesquels figurent entre autres l'ex-Beattles Paul McCartney, ont critiqué l'Australie pour ses critères doubles, déclarant que ce pays "n'avait aucun droit de critiquer le Japon pour sa chasse à la baleine tout en abattant des kangourous".Désormais c'est au tour de l'Institut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) de critiquer l'Australie, cette fois pour sa gestion de la chasse au dugong dans le nord-ouest de ce pays. Le dugong (Dugong dugon) est un mammifère marin de l'ordre des siréniens (Sirenia) auquel appartiennent aussi les lamentins. Cet animal est classé "vulnérable" sur la Liste Rouge de l'IUCN, notamment du fait de la dégradation de son habitat et de collisions avec des bateaux.
Un porte-parole de l'ICR, Glenn Inwood a dénoncé "l'hypocrisie de l'Australie en autorisant la capture de dugongs par des chasseurs aborigènes, tout en rejetant l'utilisation durable des baleines". Il a également rappelé que "le Japon soutenait le principe international d'utilisation durable" des ressources. Peter Garrett a répondu qu'il n'y avait aucune analogie entre la chasse à la baleine japonaise et la chasse au dugong, précisant que "le gouvernement australien était activement engagé dans des programmes de protection des dugongs".
On peut déduire de la déclaration de Peter Garrett que l'Australie reconnaît que l'on peut protéger une espèce animale tout en autorisant sa capture. Il est toutefois difficile de comprendre pourquoi les baleines sont mises à l'écart de ce principe.
Mise à jour (3 avril 2008) :
Le quotidien The Australian fait part de nouvelles estimations du nombre de rorquals de Minke (Balaenoptera bonaerensis) vivant dans l'hémisphère sud. Les chiffres qui devraient être discutés par le comité scientifique de la CBI seraient de 200.000 à 680.000 rorquals de Minke. Cela constitue une revue à la baisse des estimations adoptés par la CBI en 1990 qui étaient de 510.000 à 1.140.000 individus de cette espèce. Ces chiffres ne représentent pas forcément un déclin des populations de rorquals de Minke, les missions d'observation précédentes ayant probablement surévalué le nombre d'animaux se trouvant dans les zones de banquise (pack ice) inaccessibles aux navires. Tout ceci sera probablement confirmé durant la prochaine réunion de la Commission baleinière internationale qui doit se tenir à Santiago du Chili du 23 au 27 juin de cette année...lire la suite>>
Libellés : désinformation, Revue de presse
mercredi, mars 26, 2008
L'histoire de la chasse à la baleine au Japon - 6
Comme je l'ai évoqué précédemment, la seconde moitié du 19e siècle va marquer le déclin des kujiragumi malgré les tentatives d'ouverture de nouvelles zones de chasse, notamment au nord de l'archipel, et les essais d'introduction de techniques de chasse occidentales. C'est à cette même période que la chasse à la baleine va être révolutionnée par l'utilisation combinée de bateaux à vapeur et de canons lance-harpons. Cette révolution est le fait d'un chasseur de phoques norvégien, Svend Foyn (1809–1894) qui entre 1968 et 1973 va mettre au point cette nouvelle technique de chasse baleinière qui permet désormais de capturer les rorquals. Ces animaux étaient alors inaccesibles aux baleiniers occidentaux du fait de leur vitesse et du fait que leur cadavre coule après leur mort.
Svend Foyn va mettre en pratique sa nouvelle technique de chasse au large de la région septentrionale du Finnmark, réussissant à capturer une trentaine de rorquals dès 1968 avec son navire; le Spes et Fides. Le Finnmark étant proche de la frontière russe, il ne faudra que peu de temps avant que les succès de Foyn n'attirent l'attention des Russes. C'est ainsi qu'un baleinier russe du nom d’Akim G. Dydymov (?-1891) embauche des canonniers scandinaves et achète en Norvège un bateau équipé d’un canon lance-harpons. Dès 1889, il s’installe à Vladivostok et opère en Mer d’Okhotsk l’été, et en Mer du Japon et le long des côtes coréennes l’hiver.
Dans les années qui suivent, d’autres baleiniers russes vont suivre l’exemple de Dydymov et les rorquals capturés en Mer du Japon seront directement transportés et vendus à Nagasaki. Les Japonais découvre à cette occasion les nouvelles méthodes de chasse qui ne sont pas sans susciter un grand intérêt, d’autant plus que les échanges commerciaux avec les Russes font baisser le cours des prix de la viande de baleine.
En 1897, des entrepreneurs japonais fondent la compagnie Nagasaki Hogei-gumi 長崎捕鯨組 et tentent pour la première fois d’introduire les méthodes de chasse norvégiennes, mais l’équipage japonais ne maîtrisant pas bien ces techniques, cette tentative échoue sans que la moindre baleine ne soit capturée. Prenant le nom de Nagasaki En.yô Hogei 長崎遠洋捕鯨, cette compagnie va être réorganisée et réessayer d’utiliser ces nouvelles techniques avec un plus grand bateau, le Saikai-maru, en faisant appel à un canonnier norvégien. Cependant, le Saikai-maru ne réussissant qu’à tuer trois rorquals, Nagasaki En.yô Hogei sera dissoute en 1898.Il y aura d’autres tentatives, dont celle d’une Compagnie anglo-russe créée à Nagasaki sous l’impulsion des britanniques Holme-Ringer Co., mais il faut attendre la création de la Nihon En.yô Gyogyô 日本遠洋漁業 en 1899 pour voir l’introduction réussie des techniques de chasse norvégiennes au Japon. Suivant les conseils de Fukuzawa Yukichi 福澤諭吉, un élu du département de Yamaguchi, Oka Jûrô 岡十郎 (1870-1922), va présenter ses projets de création d’une compagnie de chasse à la baleine au gouvernement japonais et ainsi obtenir le soutien qui lui permettra de fonder Nihon En.yô Gyogyô. Le Japon recherche en effet à développer stratégiquement certaines industries afin de contrecarrer l’influence de la Russie en Corée et dans les eaux qui entourent le Japon.
Peu après la création de sa compagnie, Oka part en Norvège pour observer la fabrication des bateaux et des canons lance-harpons, et les méthodes de chasse modernes. De retour au Japon, il commande à un constructeur naval nippon la fabrication d’un petit bateau à vapeur, le Chôshû-maru No.1, et engage un canonnier norvégien. Il établit les bureaux et les installations de dépeçage de Nihon En.yô Gyogyô à Senzaki (Nagato) et choisit d’opérer au large de la Corée. Pour ce faire, il doit cependant obtenir l’autorisation de la Corée et les négociations s’annonceront âpres en raison du quasi-monopole de la chasse à la baleine qu’ont les Russes dans ces eaux, mais une fois de plus, Oka pourra compter sur le soutien du gouvernement japonais.
Le premier rorqual est capturé en février 1900, et la saison 1900-1901 permet à Nihon En.yô Gyogyô de partir sur de bonnes bases grâce à la prise de 52 cétacés. Lors de la saison suivante, Oka loue un bateau, l’Olga, qui appartenait à la société anglo-russe afin d’accroître ses activités, mais malheureusement le Chôshû-maru No.1 est perdu suite à une tempête de neige en décembre 1901. Nihon En.yô Gyogyô ne survit à cette mésaventure que grâce à la volonté d’Oka qui loue deux nouveaux bateaux fabriqués en Norvège en 1903. Dès lors, cette compagnie va connaître de très bons résultats, notamment grâce à l’impact de la guerre russo-japonaise en 1904-1905. En effet, les baleiniers russes se voient chasser des eaux entourant la péninsule coréenne et une partie des bateaux confisqués sera vendue à Nihon En.yô Gyogyô qui se restructure et devient Tôyô Gyogyô 東洋漁業 en 1904.
Outre l’appui qu’a obtenu Oka Jûrô de la part du gouvernement japonais et d’entrepreneurs du département de Yamaguchi, et les coups de pouce apportés par certains évènements tels que la guerre russo-japonaise, l’introduction réussie des méthodes de chasse modernes norvégiennes a une autre raison tout aussi importante. Ainsi, contrairement aux hommes qui, tel Nakahama Manjirô, ont précédemment tenté d’introduire des techniques de chasse occidentales modernes, Oka n’a jamais perdu de vue la nature de la chasse à la baleine au Japon. En effet, bien qu’il ait utilisé les nouvelles méthodes venues de Norvège pour la capture, il a conservé tous les aspects culturels relatifs à la transformation et à la consommation des produits issus de la chasse, qui soutenait les activités des kujiragumi auparavant. D'ailleurs, il existe encore des kujiragumi à cette époque tel qu'à Yobuko (départment de Saga).
Nous aborderons comment la chasse moderne s'est par la suite développée dans l'archipel par la suite.
A suivre.....lire la suite>>
Libellés : histoire
jeudi, mars 20, 2008
La Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine - 1
Pour mieux comprendre la mission et les débats de la Commission baleinière internationale (CBI), il me paraît essentiel de bien comprendre son texte fondateur, la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine (CIRCB). Ce dernier a été établi et signé le 2 décembre 1946 par 15 Etats : l'Afrique du Sud, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, le Canada, le Chili, le Danemark, les Etats-Unis d'Amérique, la France, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, les Pays-Bas, le Pérou, le Royaume-Uni et l'URSS. Le Japon ne signe la Convention et ne rejoint la CBI qu'en 1951 ; la gestion de la chasse baleinière japonaise se faisant par l'intermédiaire des Etats-Unis jusqu'à cette date.
La CIRCB n'est cependant pas le premier accord international ayant été conclu pour permettre la gestion de la chasse baleinière. Le 24 décembre 1931, une Convention pour la réglementation de la chasse à la baleine, dite Convention de Genève, sera conclue à la demande de la Société des Nations et ratifiée par les deux plus grandes nations baleinières d'alors, la Norvège en 1932 et la Grande-Bretagne en 1934. Plus tard, le 8 juin 1937, l’Accord internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine (AIRCB) sera conclu à Londres et ammendé de deux protocoles en 1938 et 1939. Le Japon ne ratifia aucun de ces deux textes. La CIRCB reprend plusieurs dispositions de l'AIRCB telles que la protection des baleines franches et des baleines grises. Voici une traduction libre de l'introduction et des deux premiers articles de la Convention.Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine
Washington, le 2 décembre 1946
Les Gouvernements dont les représentants, dûment autorisés, ont souscrit la présente Convention,
Reconnaissant que les nations du monde ont intérêt à sauvegarder au profit des générations futures, les grandes ressources naturelles représentées par les populations de baleines ;
Considérant que, depuis ses débuts, la chasse à la baleine a donné lieu à l’exploitation excessive d’une zone après l’autre et d’une espèce après l’autre, au point où il est essentiel de protéger toutes les espèces de baleines contre davantage d’exploitation excessive ;
Reconnaissant que les populations de baleines sont susceptibles d’accroissement naturel si la chasse baleinière fait l’objet d’une réglementation judicieuse, et que l’accroissement des populations de baleines permettra d’augmenter le nombre de baleines pouvant être capturées sans compromettre ces ressources naturelles ;
Reconnaissant qu’il est dans l’intérêt commun d’atteindre aussi rapidement que possible le niveau optimum en ce qui concerne les populations de baleines, sans causer cependant une détresse générale d’ordre économique et alimentaire ;
Reconnaissant qu’en attendant la réalisation de ces objectifs, les opérations baleinières devraient être limitées aux espèces les mieux à même de supporter l’exploitration, afin d’accorder un intervalle permettant le repeuplement de certaines espèces dont le nombre est aujourd’hui réduit ;
Désirant établir un système de réglementation internationale applicable à la chasse à la baleine, afin d’assurer, de manière rationnelle et efficace, la conservation et l’accroissement des populations de baleines, sur la base des principes incorporés dans les dispositions de l’Accord internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine, signé à Londres le 8 juin 1937, et dans les protocoles audit Accord, signés à Londres le 24 juin 1938 et le 26 novembre 1945 ; et
Ayant résolu de conclure une convention prévoyant la conservation judicieuse des populations de baleines et, partant, de rendre possible le développement ordonné de l’industrie baleinière ;
Sont convenus de ce qui suit :
Article 1er
1. La présente Convention comprend le Réglement qui y est annexé et en fait partie intégrante. Toute référence à la « Convention » sera entendue comme comprenant ledit Réglement, soit dans les termes actuels, soit avec les modifications qui pourront y être apportées conformément aux disposition de l’article 5.
2. La présente Convention s’applique aux navires-usines, stations terrestres et navires baleiniers soumis à la juridiction des Gouvernements contractants, et à toutes les eaux dans lesquelles ces navires-usines, stations terrestres et navires baleiniers se livrent à la chasse à la baleine.
Article 2
Au sens de la présente Convention :
1. « Navire-usine » signifie un navire à bord duquel des baleines sont traitées en tout ou en partie ;
2. « Station terrestre » signifie une usine sur la terre ferme par laquelle des baleines sont traitées en tout ou en partie ;
3. « Navire baleinier » signifie un navire utilisé pour chasser, capturer, remorquer, tenir ferme ou repérer des baleines ;
4. « Gouvernement contractant » signifie tout gouvernement qui a déposé un instrument de ratification ou notifié son adhésion à la présente Convention.
Les deux premiers articles sont avant tout des définitions. Comme décrit à l'article 1er, la Convention se compose de la convention proprement dite et d'une annexe opérationnelle dite Schedule (traduite ci-dessus par "réglement") où sont ammendés les mesures relatives à la chasse telles que le moratoire ou les sanctuaires.
J'attire particulièrement l'attention des lecteurs sur l'introduction où sont défini les missions de la CBI : la conservation judicieuse des populations de baleines ET le développement ordonné de l’industrie baleinière. Malheureusement, ces missions ne seront pas réellement respectées du fait des intérêts des pays baleiniers, notamment d'une forte demande en l'huile de baleine durant l'après-guerre. Les intentions du texte sont cependant en accord avec le principe d'utilisation durable des ressources, même s'il ne le mentionne pas.
A suivre.....lire la suite>>
mercredi, mars 12, 2008
Gastronomie baleinière
Ayant évoqué la consommation de viande de baleine obtenue lors des programmes de recherche japonais sur les cétacés, je voudrais cette fois présenter de façon simple et non exhaustive la cuisine baleinière japonaise. Cette cuisine est très diversifiée, non seulement du fait des diffèrentes espèces de cétacés capturés (pour la recherche ou commercialement), mais aussi du fait des différentes parties de leur anatomie qui sont quasiment toutes consommées. Sauf précision, les descriptions concernent les baleinoptères, en particulier le rorqual de Minke (balaenoptera acutorostrata/bonaerensis), l’espèce la plus chassée.
La cuisine baleinière japonaise utilise quasiment la plupart des parties du corps des baleines, lesquelles portent souvent des noms particuliers hérités de la période d’Edo. En voici quelques-uns (voir également image).
akaniku 赤肉 - chair présente dans la plupart du corps
honkawa 本皮 - lard sous-cutané
koro コロ - lard de l’aileron dorsal
kanoko 鹿の子 - chair marbré de gras située à la base de la mâchoire
abura-sunoko 脂須の子 - chair située à la base des nageoires pectorales
onomi 尾の身 - chair de la queue
unesu 畝須 - lard et chair des sillons longitudinaux
saezuri さえずり - langue
oba 尾羽 - lard de la nageoire caudale
hyakuhiro 百尋 - petit intestin
hyakujô 百畳 - panse
mamewata 豆腸 - reins
takeri たけり - pénis
suji 筋 - tendons
kabura-bone かぶら骨 - cartilage du crâne
Toutes ces parties du corps des baleines peuvent être préparées de diverses façons, avec souvent des spécialités locales telles que le tare タレ, spécialité du sud de la péninsule de Bôsô (département de Chiba) préparée en faisant sécher au soleil de la viande de baleine à bec de baird. Voici quelques exemples de plats (voir également vidéo).
sashimi 刺身 - viande ou lard servis crus ; le onomi est la partie la plus appréciée en sashimi.
bacon ベーコン - unesu transformé et coupé en tranches fines, facilement reconnaissable à ses couleurs blanc et rouge.
obake 尾羽毛 / sarashi kujira さらし鯨 - gras de la nageoire caudale tranché finement et bouilli.
hyakuhiro no nanbanzuke 百尋の南蛮漬け - intestin de baleine frit avec légumes marinés.
saezuri no fukume-ni さえずりの含め煮 - langue de baleine bouillie avec des légumes.
kujira-jiru くじら汁 - consommé de légumes avec lard de baleine finement tranché.
harihari nabe ハリハリ鍋 - plat de viande de baleine frite et de légumes mijotés ; spécialité d'Ôsaka
kujira motsu nabe 鯨もつ鍋 - plat de trippes (intestin, panse, langue, tendons, lard) de baleines et de légumes mijotés.
kujira tatsuta-age 鯨竜田揚げ - viande de baleine marinée et panée à la fécule puis frite.
kujira kushi-katsu 鯨串カツ - brochettes de viande de baleine panée.
kujira katsu-karê 鯨カツカレー - curry de baleine avec viande baleine et riz blanc.
matsuura-zuke 松浦漬け - cartilage du crâne (katsura-bone) conservé dans la lie de saké (sake-kasu 酒粕) ; spécialité de Yobuko (département de Saga).
Il existe bien sûr de nombreuses autres recettes telles que les sushi ou les hamburgers de baleine, mais les recenser et les énumérer toutes est une tâche assez hardue. Les photos de la vidéo ont été généreusement mises à disposition par le patron du restaurant Yûshin où a été initiée la recette du motsu nabe. Une autre vidéo est également disponible sur Youtube :
Pour ceux d'entre vous que ça intéresse, le site kujira portal site a une liste de restaurants servant de la baleine classés par régions.
Pour conclure, je voudrais revenir sur les déclarations faites par les opposants à la chasse baleinière quant aux risques de santé que constituent la consommation de viande de baleine. Une enquête menée en 2003 par le ministère japonais du Travail et de la Santé démontre que certains produits issus des cétacés contenaient des proportions de métaux lourds (mercure) et de produits chimiques (PCB, etc.) supérieurs aux seuils de sécurité. C’est particulièrement le cas pour le gras et les organes (particulièrement le foie) des odontocètes (cétacés à dents : dauphins, globicéphales, etc.). Toutefois, aucun problème n’est à relever pour les rorquals de Minke, notamment ceux chassés dans l’Antarctique qui constituent la majorité de la viande disponible sur le marché.
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Libellés : consommation de viande de baleine, vidéo
dimanche, mars 09, 2008
Vers une CBI fonctionnelle ?
La réunion intersessionnelle sur l'avenir de la CBI s'est terminée hier, samedi 8 mars 2008. Les discussions s'étant tenues à huis-clos, il n'est pas possible d'en connaître le détail, mais le président de la Commission baleinière internationale, le Dr. William Hogarth a fait un communiqué de presse à ce sujet. Richard Black de la BBC explique que les pays membres de la CBI sont tombé d'accord pour améliorer le dialogue et chercher le consensus, notamment sous la forme d'un plan d'action en 9 points.
Le quotidien britannique The Independent parle d'un accord secret qui autoriserait au Japon de reprendre la chasse à la baleine commerciale au large de ses côtes en échange d'un arrêt de ses programmes de recherches dans les eaux internationales. Il faudra toutefois attendre le mois de juin et la tenue de la 60e réunion plénière de la CBI pour savoir si les pays favorables à l'utilisation durable des cétacés et les opposants à la chasse à la baleine peuvent trouver un terrain d'entente et sortir la Commission de l'impasse dans laquelle elle se trouve.
Les récentes actions violentes de l'ONG Sea Shepherd à l'encontre des navires japonais ont également été évoquées et une déclaration les condamnant a été adoptée par les pays membres participant aux discussions. En voici une traduction libre.Déclaration sur la sécurité en mer
La réunion a rappelé la résolutions 2007-2 intitulée "Résolution sur la sécurité en mer et la protection de l’environnement" ainsi que la résolution 2006-2 intitulée "Résolution sur la sécurité des navires engagé dans des activités de chasse à la baleine et de recherche sur les cétacés", chacune ayant été adoptée par la Commission par consensus. Elle a pris note de comptes-rendus d’actions dangereuses menées par la Sea Shepherd Conservation Society dans l’océan Austral à l’encontre de navires japonais ces derniers mois.
Elle a appelé la Sea Shepherd Conservation Society de s’abstenir de toutes actions dangereuses qui pourrait mettre en péril la sécurité en mer, et aux navires et aux équipages concernés de pratiquer la modération. La réunion a réitéré que la Commission et ses gouvernements contractants n’approuvaient pas et en fait condamnaient toutes actions qui sont un risque pour la vie humaine et la propriété lors d'activités en mer. Elle a recommandé avec insistance aux gouvernements contractants d’agir, en accord avec les règles de loi internationale pertinentes et leurs lois et réglementations nationales respectives, pour coopérer à la prévention et la suppression des actions mettant en péril la vie humaine et la propriété en mer et vis-à-vis des contrevenants présumés. La réunion a rappelé que l’accréditation de la Sea Shepherd Conservation Society en tant qu’observateur à la Commission avait été refusée depuis 1987 du fait d’un comportement et de tactiques inacceptables.
Il paraît cependant peu probable que Paul Watson écoute cet appel de la CBI. Il a d'ailleurs récemment déclaré sur le site de l'ONG que le Steve Irwin se distançait du navire-usine Nisshin-maru et se dirigeait désormais vers les baleiniers (catcher boats). Il reste à espérer que les gouvernements des Pays-Bas et d'Australie prennent leurs responsabilités et agissent avant qu'un accident grave n'ait lieu au large de l'Antarctique...lire la suite>>
jeudi, mars 06, 2008
L'avenir de la CBI - réunion intermédiaire
Aujourd'hui s'ouvre pour trois jours à Heathrow, dans la banlieue de Londres, une réunion intermédiaire de la Commission baleinière internationale (CBI). Cette réunion a pour principal objectif de permettre aux pays membres de la CBI de trouver une solution pour sortir l'organisation de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis près de 20 ans. Il est fort probable que les discussions seront également marquées par les récentes actions dangereuses et illégales de l'ONG Sea Shepherd contre les navires japonais en Antarctique. Rappelons que la CBI a adopté à l'unanimité des textes appelant ses membres à assurer la sécurité en mer lors des deux dernières réunions plénières.
Bien que la CBI se soit doté en 1993 d'une méthode (RMP) permettant de calculer des quotas de chasse sans mettre en risque les populations de cétacés les plus abondantes, les discussions restent bloquées sur les mesures (RMS) entourant l'application de cette méthode. A celà s'ajoute la position de certains pays comme l'Australie qui déclarent ouvertement être contre toute chasse à la baleine. A ce propos, ce dernier pays a préparé un document présentant sa position sur la chasse à la baleine. Il y est notamment précisé que "nonobstant l'opposition résolue de l'Australie à la chasse commerciale à la baleine, nous reconnaissons qu'il est possible qu'une majorité des trois-quarts des membres de la CBI puissent désirer permettre la reprise d'une forme de chasse commerciale dans le futur. Bien que l'Australie ne soutiendra jamais la chasse commerciale à la baleine, nous ne tiendrons pas à l'écart de futurs débats relatifs à la gestion des baleines au sein de la Commission."
Il est sans doute bon de rappeler que le mandat de la CBI, tel qu'il est définit dans la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine, est "la conservation judicieuse des populations de baleines et de rendre possible le développement ordonné de l'industrie baleinière." De toute évidence, l'Australie semble ne pas accepter la seconde moitié de ce mandat. De même, certaines ONG anti-baleinière sont farouchement opposée à la reprise de la chasse commerciale à la baleine, malgré les progrès du Comité scientifique de la CBI dans le développement de méthodes de gestion de la chasse. Ainsi, Patrick Ramage de l'IFAW (Fonds international pour le bien-être des animaux) a déclaré que "le gouvernement du Japon continuait de détourner un forum international dans un but pro-baleinier". Pourtant, il s'agit bien du mandat de la CBI que de gérer la chasse à la baleine.
Il paraît donc clair que l'actuel blocage de la CBI provient du refus des opposants à la chasse à la baleine à reconnaître le mandat original de cette organisation. Le comportement du gouvernement australien, en particulier de son ministre de l'Environnement, Peter Garrett, ne laisse pas présager que les choses évoluent beaucoup lors de cette réunion. Le président de la Commission, William Hogarth qui est à l'origine de cet effort en vue d'un déblocage de la CBI, a d'ailleurs montré son pessimisme en déclarant qu'il "ne voyait pas d'avenir pour la gestion et la conservation des baleines si les gens ne cherchent pas une voie vers l'avant".
Il n'est pas improbable que le Japon finisse par quitter la CBI et crée sa propre organisation de gestion de la chasse à la baleine si ses efforts de compromis continuent d'être frustrés par le camp anti-baleinier. Cette décision sonnerait le glas pour la CBI et serait un mauvaise exemple pour la gestion internationale des ressources vivantes marines. La chasse à la baleine peut être gérée et conduite de manière durable, et marquer un précédent décisif pour les autres industries de la pêche. La question est de savoir si la protection d'un symbole est plus importante que la gestion durable et contrôlée d'une ressource marine...lire la suite>>
mercredi, mars 05, 2008
La viande de baleine, un aliment écologique
L'association pro-baleinière norvégienne High North Alliance (HNA) a démontré dans une étude sur les émission de gaz à effet de serre générés par la production de différents types de viande que la consommation de viande de baleine était plus écologique que celle d'autres viandes.
L'étude de HNA se base sur l'utilisation de carburant par les navires baleiniers norvégiens, concluant qu'un kilo de viande de baleine ne produit que 1,9 kg de gaz à effet de serre contre 15,8 kg pour le bœuf, 6,4 kg pour le porc et 4,6 kg pour le poulet. "Les émissions de gaz à effet de serre causées par un plat de viande de bœuf sont équivalentes aux émissions causées par huit plats de viande de baleine", explique Rune Frovik, le secrétaire de l'association.
Les poissons et les fruits de mer auraient une "empreinte carbone" comparable à la viande de baleine avec des émissions relativement faibles. L'ONG Greenpeace a répondu à cette étude en affirmant que "la menace d’extinction de ces espèces de baleines était encore trop importante pour qu’on puisse se permettre de les chasser". Il faut cependant souligner que le rorqual de Minke (balaenoptera acutorostrata) que les pêcheurs chassent au large des côtes norvégiennes ne sont pas du tout menacés d'extinction.
Les nations baleinières que sont la Norvège, l'Islande et le Japon ne désirent aucunement exterminer les différentes espèces de baleine, mais pouvoir conduire la chasse baleinière de manière durable et contrôlée dans le cadre de la CBI...lire la suite>>
lundi, mars 03, 2008
[MàJ-14 mars 08] Sea Shepherd attaque le Nisshin-maru, trois blessés
Le matin du 3 mars, le navire de l'ONG anti-baleinière Sea Shepherd a découvert le navire-usine de la flotte de recherche sur les cétacés japonaise, le Nishin-maru. L'équipage du Steve Irwin a sans tarder lancé une attaque contre le navire japonais, jetant plus de 100 bouteilles d'acide butyrique sur le pont de ce dernier (voir vidéos). Selon l'Agence japonaise pour les pêches, trois membres d'équipage japonais auraient été blessés légèrement à cette occasion.
Mise à jour (3 mars 2008) :
Le gouvernement japonais a condamné les attaques de l'ONG Sea Shepherd contre le Nisshin-maru ayant blessé quatre membres d'équipage. "Infliger des dommages injustifiables à un navire japonais et s'en prendre à la sécurité de l'équipage qui opère légalement dans les eaux internationales sont des actes inexcusables", a déclaré Machimura Nobutaka, le porte-parole du gouvernement japonais.
Le ministère des Affaires étrangères nippons a également convoqué les ambassadeurs d'Australie et des Pays-Bas où est enregistré le Steve Irwin pour demander à ces deux pays de prendre des mesures pour empêcher que ces actes violents se reproduisent.
Mise à jour (5 mars 2008) :
Le gouvernement japonais semble prendre les choses très au sérieux et a fait appel aux autorités australiennes et néerlandaises pour faire une enquête sur les actions de Sea Shepherd à l'encontre du Nisshin-maru et de son équipage. Paul Watson, le président de l'ONG a déclaré qu'il s'agissait "d'une guerre chimique non violente" (sic!). Outre les risques de blessure que peuvent causer les bouteilles en verre, l'acide butyrique peut être dangereux pour la santé s'il entre en contact avec la peau ou les yeux, ou s'il est inhalé. Ce document de sécurité chimique précise également : "NE PAS laisser ce produit contaminer l'environnement".
Mise à jour (7 mars 2008) :L'ONG Sea Shepherd a de nouveau agressé le navire japonais Nisshin-maru aujourd'hui, vendredi 7 mars. Les membres d'équipage du Steve Irwin ont une fois encore lancé des bouteilles d'acide butyrique et d'autres projectiles contre le bateau-usine japonais.
Les gardes-côtes japonais présents à bord du Nisshin-maru ont essayé de repousser le navire de Sea Shepherd à l'aide de "thunderflash" (voir vidéos). Ils n'auraient toutefois pas effectué de tirs de semonce. Paul Watson (photo), le président de Sea Shepherd prétend qu'on lui a tiré dessus, ce que l'ICR dément. Aucun blessé n'est à déploré de part et d'autre pour le moment, malgré les manœuvres extrèmement dangereuses de l'ONG pseudo-écologiste.
Mise à jour (14 mars 2008) :
Cette mise à jour pour ceux qui croient vraiment que les gardes-côte japonais ont tiré sur Paul Watson. Je vais completer les informations du lien donné par Lamentoc en commentaire ci-dessous.
Sea Shepherd a des photos du coup de feu qui a failli tuer Paul Watson. Les voici :
Si on zoome, on s'aperçoit qu'il y a bien quelque chose de suspect sur le côté du Nisshin-maru.
Heureusement, l'Insitut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) a fourni les photos suivantes sur son site.
Et on constate que les baleiniers japonais ont tiré sur Paul Watson avec une...horloge ?!?!
Ils sont vraiment trop fort a l'ICR! Jamais Sea Shepherd n'aurait pu prevoir que les horloges du Nisshin-maru étaient des snipers hyper entraînés! :)
On peut également prendre en considération l'hypothèse de ce youtuber texan qui nous explique que l'un des gardes-côte aurait lancé la balle. Trop fort!! :)
Plus sérieusement, j'ai du mal à imaginer un tireur capable de viser précisément le cœur de Paul Watson sachant que les deux navires se déplacent assez vite (environ 15 nœuds) et en prenant en compte les remous. Et dans l'hypothèse où il y aurait eu un tel tireur d'élite (dont aucune photo n'a été prise), on est en droit de se demander pourquoi il n'aurait pas tiré une seconde fois sur Paul Watson dans une partie non protégée de l'anatomie de ce dernier. La seule explication possible est que Sea Shepherd a fabriqué cette histoire depuis le début, ce qui expliquerait aussi l'attitude provocative de son leader (voir troisième vidéo) sur le pont du Steve Irwin...lire la suite>>
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